Livre : « Histoire mondiale des services secrets ».

Un pavé de 800 et quelques pages, 1Kg, voilà « l’Histoire mondiale des services secrets » de l’antiquité Grecque en passant par les Vikings puis en déroulant : Moyen Âge, Louis XIV, les deux grandes guerres, le 11 septembre, jusqu’à nos   jours.

livre histoire mondiale des services secrets

« Voici l’aventure d’hommes et de plus en plus souvent de femmes, héros ou traitres, transfuges et agents doubles. Un histoire de coups fourrés, d’intox, de messages volés, de télégrammes décryptés, de mails interceptés, d’échecs cinglants et de réussites méconnues, d’avertissements judicieux comme d’aveuglements tragiques. Une Histoire pas petite qui éclaire la grande Histoire d’un jour différent ».

Ce livre n’est pas une encyclopédie des services secrets à multiples entrées, absolument pas ! C’est vraiment l’histoire des services secrets de l’intérieur. C’est le fruit de 35 ans d’études. Inutile de dire que c’est à mon humble avis, l’œuvre d’une vie. Autant le dire tout de suite, ce livre n’est pas recommandé aux personnalités paranoïaques ! Que de trahisons, de retournement de vestes, de double et triple jeu. Au fur et à mesure que je lisais le livre je me disais au fond de moi : « Quand tu lis ça tu ne peux plus faire confiance à qui que ce soit ! ». Ce genre de livre a aussi « un inconvénient », c’est qu’il donne à ceux qui savent les prendre les contre-mesures nécessaires pour limiter la casse. C’est « le défaut » de ce livre : Si on ne sait pas ce qu’est un service secret et sa capacité de pénétration, c’est déjà à moitié comprendre ce qu’il est vraiment et comment tout cela fonctionne. Et ce n’est pas rien ! L’auteur du livre est également un des meilleurs connaisseurs des services secrets Chinois, qui sont largement abordés dans ce livre.

Il se trouve que j’ai commencé la lecture de ce livre avant les attentats de Paris et que je l’ai terminé après. Fort heureusement d’ailleurs car l’écriture de ce commentaire n’aurait pas été le même. Inutile de dire que certains passages sonnent étrangement aux oreilles.

Puisqu’on est en plein dans l’actualité des services de Renseignements, qu’il soit Policier et/ou.…. Au fait on dit ? « extérieur » ? Mais faut il encore séparer « l’intérieur » de « l’extérieur », le « renseignement judiciaire » du « renseignement pénitentiaire » (qui au passage n’existe pas). Sans parler, si l’on en croit un ancien chef de la Division anti-terroriste interviewé sur France INFO « …de services qui ont beau travaillé dans le même immeuble sans pour autant communiquer entre-eux … ! ». Non… ! Sans rire ??? !!! Page 85 : Sous Napoléon et s’agissant des services secrets français : « ….Le point faible de cette architecture c’est sa complexité. Sans doute ne s’aime-t’on- pas plus de l’autre côté de la Manche, mais au moins on sait travailler ensemble ».

Je vais donc pour coller aux attentats de Paris, extraire quelques phrases piochées ici où là dans le livre :

Page 12 : « …..Surveiller de manière moins extensive, mais mieux, c’est-à-dire plus ciblée : l’efficacité, la vraie est à ce prix ». ….Du personnel actif, autrement dit, plutôt que des ronds-de-cuir noircissant à gogo des fiches informatiques au titre d’une cyber-surveillance de masse propre à noyer les services spécialisés sous un flot d’informations trop épais pour eux, mais qui sait-on jamais pourrait servir à « autre chose ». Et j’ajouterai cet avis personnel : Inverser la charge de la preuve ! « …….Ce qui m’a frappé tout au long de la controverse, c’est le peu de cas que les uns et les autres font du renseignement humain. Comme si ce dernier était voué inexorablement à céder le pas à l’espionnage technologique ». Ce texte rédigé plusieurs mois avant les attentats de Paris laissent à réfléchir.

Page 24 : L’auteur répond à cette controverse terriblement d’actualité par une phrase de SUN TZU : « Seuls des dirigeants politiques ou militaires peuvent en effet recruter leurs espions chez des hommes à l’intelligence supérieure ». « Ainsi donc, un rapport dialectique s’établirait entre la qualité des agents et la qualité des chefs qui les sélectionnent, faisant de l’espionnage le domaine des véritables penseurs stratégiques et non celui des esprits médiocres ».

Page 92 : « ….car point ne sert des informations si on ne les convertit pas en élément de nature à guider l’action des décideurs politiques ».

Mais avons-nous de véritables DÉCIDEURS politiques et militaires ou des fantoches ? Regardons cela de plus près toujours sans quitter le livre.

Les services secrets et le militaire

Page 103 : « 1901. Concernant le « rebelle du Chiffre », exprimer des idées personnelles en dehors de la hiérarchie militaire est alors chose extrêmement rare dans l’armée Française. On ne tarde pas à le lui rappeler ».

Page 290 : « Publié à Paris sous le sceau du secret en avril 1936, le Bulletin de renseignements de l’armée allemande N°1 précisait la tactique de la Wehrmacht en cas de guerre : « La brutalité est réalisée par l’entrée en action soudaine de moyens de feu puissants, ou l’engagement d’une grande unité blindée sur les flancs et les arrières de l’ennemi. Mais le bulletin ne pouvait s’inscrire en faux contre les certitudes de la haute hiérarchie militaire française, certitudes bien plus épaisses que le blindage d’un Panzer hitlérien ».

Les services secrets et l’Homo politicus

Page 236 : « …Les services Français sont les mieux renseignés en Occident sur la psychologie des hautes sphères politiques en général et de Staline en particulier. Reste que, en l’absence de passerelles solides avec les décideurs politiques, les services ne pourront pas faire grand-chose d’un si haut degré de savoir ».

Page 280 : « Paris sera averti à l’avance du projet de création forcée d’une Autriche pro-nazie. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre : le Quai d’Orsay dédaigne l’information, d’où son désarroi en 1938 quand Hitler envahira l’Autriche ».

Suite de la page 371 citée ci-dessous : « ….Encore faut-il transmettre les résultats de ce travail au pouvoir politique en temps utile et sous une forme claire. Dégager des axes précis au lieu de livrer une gamme d’hypothèses suffisamment exhaustives pour que l’une d’entre elles se réalise, ce qui permettra de jouer les oracles à peu de frais. C’est une autre facette des services de renseignements qui se profile ainsi : La nécessité pour elles de prendre position ».

Page 377 : « L’histoire des services secrets est bien souvent celle de l’inconscience de ceux qui les commanditent et de l’amnésie de ceux qui les dirigent… »

Page 541 : Reinhardt Gehlen (NDR : Service secrets allemands) en bref, a saisi que le degré de reconnaissance d’un service secret par ses commanditaires tient souvent à sa capacité à leur livrer les informations qu’ils attendent de lui, et surtout pas celles qui le contredisent. Un sens politique rare chez un militaire de carrière ».

Les services secrets par le petit trou de la serrure

Il faut savoir que jusqu’à l’arrivée de Sarkozy, la DGSE était une espèce de  sous-direction du ministère de la Défense. C’est dire l’importance que lui accordent nos politicards… ! Ce n’est pas dans le livre, c’est moi qui le dit ! Il faut également savoir que l’équivalent anglais, le MI6 est sous les ordres du ministère des affaires étrangères ! Méditez ! Quoique moi je ferai l’inverse…! Et sans aucun complexe !

Page 371 : « Repérer et interpréter correctement les « signaux faibles », ces signes avant coureurs d’un événement à venir, c’est pourtant la raison d’être d’un service secret ».

Page 728 : « …..la France manque cruellement d’arabisants. Avant l’indépendance algérienne, il existait en la matière une école française riche, mais marquée au sceau du système national. Après, voulant exorciser le spectre de la guerre d’Algérie, les autorités mettront au rencart les spécialistes de langue arabe et, plus rare, kabyle ».

Il me vient tout à coup cette réflexion d’Eric Zemmour concernant les français en général : « A Bruxelles, on dit toujours que c’est très bien d’avoir un français dans une commission car il joue TOUJOURS contre son pays… ! ». Alors on peut dire qu’à l’inverse, les anglais jouent TOUJOURS perso !

Page 816 : « ….Reste outre-Manche, une solide tradition, une « culture du renseignement », comme on dit aujourd’hui. Parfois très en pointe, les Français ne capitalisent jamais leurs expériences, de sorte que tout est toujours à réinventer. …..Les Français sont plutôt bons au contraire, leurs homologues le reconnaissent. Mais ce qui leur manque DEPUIS DES SIÈCLES c’est un mode de relation stable avec le pouvoir, fondé non sur la fascination réciproque, mais sur le réalisme bien compris ».

Lire également pour mieux comprendre nos relations avec la Syrie et les attentats de Paris, le livre (2013) d’Alain Chouet, 30 ans de DGSE où il fini sa carrière comme « chef du service de renseignement et de sécurité ». Autrement dit le contre-espionnage interne : « Au cœur des services spéciaux » « La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers ». Ce passage qui en dit long : « Vers la fin 2001, je reçois l’ordre comminatoire d’avoir à reconvertir la moitié de mes effectifs antiterroristes vers l’immigration clandestine… ». « ……J’ai été sauvé parce que le 12 septembre, on m’a donné l’ordre tout aussi comminatoire de doubler mes effectifs antiterroristes. Car, comme chacun sait, les experts antiterroristes poussent à l’automne comme des champignons au pied du boulevard Mortier. Il suffit de se baisser pour les ramasser ». Vous avez dit coup de grâce ??

Voyons maintenant ce qui a fait et fait toujours la force des services anglais.

Otto Skorzeny disait : « Les Anglais nos maîtres à tous ». Et il s’y connaissait en coups tordus !

Page 61 : « Les Anglais, le premier peuple du monde pour établir et conserver des intelligences, ont ici la machine la mieux montée qui existe sûrement. Quand ils font des entreprises, jamais ils n’y mêlent en rien ni pour rien la tête de la machine, elle reste toujours intacte, isolée sans qu’il n’y est la possibilité physique qu’elle puisse être compromise ». En matière de renseignement, nul n’égale les Britanniques : c’est le jugement d’un des nombreux correspondants du Comte d’Antraigues en 1790 ».

Page 237 : « Les services français ne sont pas « moins bons » par nature que leurs homologues britanniques ou autres, ……..Mais à coup sûr moins influents auprès des élites dirigeantes, en général, indifférentes aux questions de renseignement. De quoi enlever une bonne partie de leur efficacité ».

Page 190 : Parlant du MO 4, le bureau arabe auquel appartenait Lawrence d’Arabie 😉  « Un organisme de renseignements où se trouvaient des excentriques aussi variés et talentueux que leur ainé David Hogarth ». Cette petite équipe s’est auto-baptisée « les Indiscrets ». Par sa composition sociale et sa diversité humaine, elle met en valeur une caractéristique des services secrets anglais : leur aptitude à faire d’éléments originaux voire marginaux un tout homogène ».

Page 732 : « Par tradition, les Anglais apprécient l’excentricité et les excentriques, au sens de ceux qui n’ont pas le même centre de gravité que les autres ». L’excentricité à la Française c’est quand un Énarque copine, boit et/ou tire un coup avec un Polytechnicien… !

Page 299 : « Dans une logique très britannique de mobilisation sans frontières de spécialistes ou d’écoles, des linguistes et des mathématiciens côtoient des juristes et des personnels de musée, des étudiants œuvrent en compagnonnage avec des professeurs. Des cruciverbistes sont aussi recrutés parmi les gagnants de concours de mots croisés ». Imaginez deux secondes faire travailler à égalité  un de nos brillants Énarques et un personnel de musée ! Page 409 : « Ces hommes et ces femmes de la « London Control Station » (NDR : l’organisme le plus secret de la guerre) sont une clique d’excentrique comme on en voit peu. Tout ce que l’Angleterre peut produire de cerveaux bizarres s’est donné rendez-vous dans ce bunker souterrain étroit du 2 Great George Street ».

Pour finir par une note d’humour, cette citation de René Cousinier : « Quel est la différence entre un empirique (l’Anglais) et un cartésien (le Français) ? L’empirique c’est celui baise tranquillement pendant que le cartésien se fait chier à comprendre ».

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Revenons-en au fil conducteur du livre : Page 48 : Où l’on découvre que les Mousquetaires du Roi « dont Dumas fit de ces soldats des bretteurs romantiques » étaient en fait et tour à tour : Des commandos d’assaut lors des sièges de places fortes, des commandos d’action stratégiques, mais également des « barbouzes », police parallèle et basse-Police.

Page 54 et suivantes : Vous découvrirez pourquoi le stratagème de Louis XIV et de Lafayette fut intégré à l’enseignement des agents de la CIA à ses débuts. La stratégie US vis-à-vis de l’Ukraine découle de ça. Les « buveurs-d’eau-chaude » ont-ils favorisé, aidé, la Révolution Française de 1789 parce qu’ils craignaient une action de la France en faveur de l’indépendance de l’Irlande ? C’est à vous de le découvrir !

Page 77 : Une FULGURANTE analyse d’une page sur la pensée Napoléonienne qui s’applique tout autant à la guerre économique que la guerre militaire. Cette page devrait être lu par tout décideur politique, PDG, qui se respecte.

Page 142 et suivantes : « C’est nous qui avons fait cela ! s’exclament Pablo Picasso et ses copains cubistes en voyant défiler les premiers canons camouflés ».

Page 301 : Découvrez les mythiques « Gold eggs » de Churchill.

Page 358 : Comment Daladier (de gauche, évidemment) refusa un plan pour faire exécuter Hitler au fusil à lunette par un français de Berlin condamné à mort par la maladie.

Page 385 : L’histoire du « code Navajo » dont on tira le film : « Wintalkers ». « Les messagers du vent ».

Page 401 et suivantes : « la grande intox ». Là je dois avouer que l’on a la tête qui tourne à la lecture de ce chapitre ! Mais comment les anglais ont-ils fait pour diriger, manipuler, gérer, communiquer avec ces milliers de sources humaines dispersées aux autres coins du monde depuis une ile !!! C’est fascinant : Certainement le chapitre le plus passionnant de ce livre. C’est stratosphérique, cosmique ! Le « savoir-tromper » comme l’écrit si bien l’auteur du livre.

Page 408 : Très intéressante définition de la « déception militaire » mais qui pourrait s’appliquer à toute autre forme de guerre économique.

Page 412 : Le « Comité double cross », lecture HALLUCINANTE de ce que j’appelle des « Mozart de l’intox ». Les têtes qu’il fallait avoir pour gérer depuis une ile (!!!) 120 agents doubles dont la plupart n’existaient même pas et en 19 langues. Mais où sont ces Mozart de l’intox aujourd’hui ? Où ?…. Dès que l’on aborde la question de la « révolution » Ukrainienne, Eric Zemmour, dénonce immanquablement les ONG américaines de fomenter les troubles pour le compte de la CIA, comme ce fut le cas pour « la révolution orange ». Il y a toujours des crétins pour dire que Zemmour fantasme ! Vraiment ? En lisant ce livre vous apprendrez que la politique américaine depuis la fin de la seconde guerre mondiale via ce que l’on appelle aujourd’hui pudiquement des ONG, ont en fait tout à voir avec le gouvernement US. Tout de suite après la guerre la CIA finançait des syndicats (FO en France), des partis nationalistes paysans bidon, etc…

La définition de la politique US est résumée en trois formules

  1. La doctrine du « containment» = Endiguer l’expansionnisme soviétique.
  2. Son corolaire : Le « political warfare». Prendre les soviétiques à leur propre jeu en soutenant partout leurs adversaires. L’Afghanistan en est le parfait exemple.
  3. Le « Roll back». refoulement = Beaucoup plus agressif. Peut évidemment se mélanger aux autres. Pour la CIA, c’est l’Iran de Mossadegh (pro-soviétique) à qui l’on va faire le « coup de Prague » à l’envers.
  4. Le gouvernement US n’apparait jamais, la CIA non plus, on verse à des industriels, des banquiers, 20 millions de dollars pour créer une nouvelle ONG, une fondation qui va aller jouer les troubles fêtes dans les pays du Pacte de Varsovie et le tour est joué ! le « coup de Prague » à l’envers, c’est ce qu’a tenté le gouvernement US en Ukraine via des organisations « non gouvernementales». Page 499 et suivantes : Spéciale dédicace à Eric Zemmour : « 1952. On préférait utiliser des banquiers ou des industriels du Middle West, leur donner 20 millions de dollars pour qu’ils créent une fondation et proposent leurs services en Europe à l’une ou l’autre des organisations spécialisées ».Quand on peut y ajouter -cerise sur le gâteau- les corrompus du Politburo Européen, on atteint des sommets dans la manipulation. Sauf, que les russes ne se laissent pas faire, annexe la Crimée dont on voulait chasser la flotte Russe et provoque une guerre civile en Ukraine. Page 500 et suivantes : « Il s’agit de porter des coups à l’adversaire sans provocation militaire dangereuse. Et, naturellement, sans que la responsabilité de la Maison Blanche puisse être engagée ».

Page 610 et suivantes : « Le bourbier Vietnamien ».

Les faits : Lorsque Kennedy est élu il retire à la CIA le contrôle des opérations militaires au Vietnam et ce sera confirmé par Johnson son successeur.

Mon analyse : J’ai toujours considéré qu’à compter de ce jour l’Amérique a perdu la guerre à cause des généraux de l’US Army. Comme elle perdra la guerre en Irak toujours à cause de l’US Army avec des troupes composées de jeunes recrutés sur des parkings de supermarchés et formés en 8 semaines. Sans parler du licenciement pur et simple de l’armée et de la police qui va transformer tout ce joli petit monde en terroristes ! C’est la CIA et sa Division des Opérations Spéciales (DSO), la crème de la crème (!) qui gagne la première guerre d’Afghanistan contre les talibans, en moins de trois semaines et avec 300 opérateurs soit largement moins de 10% des effectifs de la Police de New-York ! C’est L’US ARMY qui perd la deuxième guerre d’Afghanistan, celle de l’occupation. Les bombardements aériens sauvages, les exactions sont pour beaucoup dans cette défaite. Je prétends que les généraux de WEST-POINT fous de rage de voir la facilité avec laquelle les barbouzes de la CIA ont fait voler l’armée Talibane en éclats, ils ont voulu « leur guerre » bien à eux et ce fut l’Irak avec les conséquences que l’on sait ! Si vous voulez savoir où, comment et pourquoi DAECH est né, lisez la page 778.

Page 697 : Vous vous souvenez de cette scène hallucinante de SEALS débarquant de nuit sur une plage de Mogadiscio ? On apprend que l’on est passé à deux secondes près d’un carnage journalistique en direct. Un hélicoptère COBRA en vol stationnaire avait confondu au loin les flashes des appareils photos avec le coup de départ d’un RPG7 !

Page 702-703 : On nous prend vraiment pour des Guignols ! On croyait que le bombardement soit disant « accidentel » de l’ambassade chinoise à Belgrade était dû « à des cartes non à jour ». Tu parles ! Tu m’étonnes que les chinois n’aient pas protesté malgré 3 morts et 30 blessés…. !

Page 744 et suivantes : « Séisme à Manhattan ». Mon seul point de désaccord avec ce livre, qui je le rappelle est une œuvre historique pas une analyse géostratégique des événements passés. Non, monsieur Kaufer, ce n’est pas Ben Laden qui a commis l’attentat du 11 septembre. C’était même contraire à ses intérêts ou plutôt comme il l’a dit dans une déclaration : « cet attentat ne sert que ceux qui l’ont provoqué ». Un article du Monde rédigé en octobre 2001 reprenait ces informations, c’est même le seul article qui parlait du racisme envers les « Arabes du sud ». Ben Laden s’est fait doubler. Il n’avait pas la capacité à organiser cet attentat. Monsieur Kaufer, vous connaissez bien semble t’il Robert Baer, 20 ans à la DSO, à qui on a remis la médaille d’or de la CIA à son départ de la boutique, c’est lui qui l’écrit noir sur blanc dans un de ses livres : BL n’avait pas la capacité à organiser de tels attentats, seule une confrérie très, très bien organisée, très, très, ancienne et très structurée pouvait le faire. Seulement le nom de cette confrérie est très connoté ! Tellement connotée qu’elle gênait aux entournures le gouvernement américain : « Pas d’amalgame » surtout, « pas d’amalgame » ! On va tout mettre sur le dos de BL et Al-Qaïda.

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Le chapitre sur les services secrets Chinois est très intéressant. Ils ne s’embarrassent pas de courbettes les chinois vis-à-vis des ronds-de-cuir : « Qui n’a pas enquêté n’a pas droit à la parole ». Dixit Mao.

CONCLUSION

Ce livre devrait être lu par tout responsable politique qui se respecte, haut-fonctionnaires et même dirigeants économiques car il livre les clefs de toutes les ruses, déceptions, trahisons que peut utiliser une puissance, une entreprise adverse.

Même s’il ne cite pas l’Ukraine, ce livre apporte les clés de la compréhension de la stratégie US en Ukraine, Géorgie, etc avec « le coup de Prague inversé ». Mais il arrive qu’à ce petit jeu, les seconds couteaux doublent les premiers couteaux. Exemple en Grèce où ce sont les Colonels qui coupent l’herbe sous les pieds des généraux avant que ceux-ci n’aient eu le temps de mettre en œuvre leur coup d’état conjoint : CIA-généraux Grecs ! La théorie du « coup de Prague inversé » fonctionnera très bien en Iran puisqu’elle permettra à la CIA de se débarrasser de Mossadegh avec les conséquences que l’on sait : Dérouler une autoroute au régime des ayatollahs.

Ce genre de livre a aussi « un inconvénient », c’est qu’il donne à ceux qui savent les prendre les contre-mesures nécessaires pour limiter la casse. C’est « le défaut » de ce livre : Si on ne sait pas ce qu’est un service secret et sa capacité de pénétration, c’est déjà à moitié comprendre ce qu’il est vraiment et comment tout cela fonctionne. Et ce n’est pas rien !

La bibliographie du livre fait 32 pages, classées par chapitre ! Une mine d’or d’informations en français.

Pour compléter votre information par rapport aux attentats de Paris

Le livre (2013) d’Alain Chouet, 30 ans de DGSE où il finit sa carrière comme « chef du service de renseignement et de sécurité ». Autrement dit le contre-espionnage interne : « Au cœur des services spéciaux » « La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers ». « La sagesse de l’espion »

Robert Baer, celui qui HURLAIT dans son téléphone satellite à cheval sur la frontière Irako-Koweitienne : « Mais puisque je vous dis que les chars Irakiens sont juste en face de moi ! Ils vont envahir le Koweït ! » Et l’autre imbécile au bout du fil à Langley, siège de la CIA : « Mais non mon vieux, calmez-vous, nos satellites n’ont rien détecté. Reposez-vous on est vendredi, on verra ça après le week-end ».

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