L’examen du permis de chasse Allemand. »le Bac vert ».

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Étui pour permis de chasse Allemand.

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Voir également mon article : « Chasseurs Français, obtenez votre équivalent Allemand du permis de chasser Français ».

C’est avec un grand plaisir et une pointe d’ironie suite aux réactions suscitées par l’article : « Doigt sur le pontet » : Une obligation judiciaire ! » que je publie cet entretien avec un chasseur Français qui vit et chasse en Allemagne. Il vient de passer et d’obtenir son permis de chasse Allemand. Il nous raconte tout ça !

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Par Saint-Hubert ! Comment pouvons-nous êtres si proches et pourtant si différents !

Voici donc le texte brut et sans retouche (sauf pour les titres intercalés et en orange) de François S… :

« A propos des règles de sécurité enseignées lors la formation au permis de chasser : titulaire du permis français depuis 2007, je viens de passer -avec succès- le permis allemand en Rhénanie du Nord-Westfalie ».

La rigueur Allemande et la « French touch » :

« J’ai pu constater à cette occasion une différence intéressante d’approche dans la tenue des armes longues entre les deux pays : me présentant au stand de tir pour mon premier entrainement en vue de l’épreuve de ball-trap (le permis allemand comporte, quel que soit le « Land » concerné, une épreuve écrite : 100 questions, une épreuve de tir : sanglier courant, chevreuil à 100 m, ball-trap.

J’ai voulu, selon la mode française, fermer ou casser mon fusil en maintenant les canons vers le sol. J’ai été rapidement et fermement rappelé à l’ordre par le « Lehrgangsleiter », qui m’a précisé qu’un tel comportement à l’examen m’assurerait l’exclusion.

Les formateurs allemands considèrent visiblement comme beaucoup plus important le tir dans les jambes et le rebond des projectiles sur roche, bitume, sol gelé, surface de plan d’eau ».

Épreuve de tir et précision requise :

« En Nordrhein-Westfalen :

  • Il faut mettre 3 balles sur 5 dans le « 9 » sur le sanglier courant. Pour le « Keiler » (NDR : sanglier mâle adulte) il faut en réalité mettre au moins 3 balles sur 5 dans la zone délimitée visible sur la photo ci-dessous (balles de tête très vivement déconseillées, en battues comme à l’affût), tir à bras franc.

  •  Faire 45 points sur la silhouette de chevreuil à 100 mètres. Les 45 points sur la silhouette de chevreuil sont à réaliser avec 5 balles. Depuis une chaise d’affût.

  • Tirer 3 pigeons d’argile sur 10 au ball-trap.
  • L’épreuve-reine est un oral de 30 minutes face à un jury de 4 personnes : 1 par domaine de compétence : connaissance du gibier, connaissance des armes, droit de la chasse, pratique de la chasse.

En cas d’échec à l’une des épreuves, on peut retenter sa chance une deuxième fois le même jour,  uniquement à l’épreuve à laquelle on a échoué. En cas de nouvel échec, il faut repasser en totalité l’épreuve de tir fin août.

L’examen normal est en mai. En cas d’échec en août, c’est l’élimination, il faut se présenter à la session du permis de l’année suivante.

Armes longues armes de poing : la réglementation :

La loi allemande autorise tout  chasseur à détenir jusqu’à deux armes de poings.

La différence entre armes longues et armes courtes ne diffère que par l’inscription du service compétent : en général le « Polizeipraesidium » du lieu de résidence qui intervient pour les armes de poing avant la récupération de l’arme chez le vendeur. En ce qui concerne le port et le transport, il n’y a pas de différence entre les armes.

Les armes de poings sont portées à la chasse sans exigences particulières autres la sécurité. Les tireurs sportifs ont une autorisation plus large, mais les chasseurs s’ils sont aussi tireurs, peuvent en tirer argument pour dépasser la limite de 2 pour servir le gibier, en allemand : « Fangschuss ».

Il n’y a pas d’épreuve de tir aux armes de poing à l’examen, mais des séances d’instruction dont une de tir, qui donne lieu à l’établissement d’un certificat séparé, lequel doit être présenté lors de l’inscription à l’examen – au cours de la formation, et une manipulation avec munitions inertes (Pufferpatrone) au cours de l’épreuve orale-pratique devant le jury, dans la partie consacrée au domaine « connaissance des armes »,

Dans les calibres autorisés pour le commun. Les calibres usuellement utilisés sont le .22 pour le petit gibier et les calibres dans la gamme 9 mm pour le gros (38 spécial, 357 Magnum). Le calibre.22 est en réalité le calibre préféré des piégeurs. Tout chasseur allemand reçoit une formation de base pour l’emploi des pièges, et a le droit de piéger sur le territoire dont il a le bail.

La formation au permis de chasse inclut  la connaissance des armes de poing et une séance de tir dédiée. A l’épreuve pratique-orale, dans la partie : « connaissance des armes », le candidat doit manipuler une arme longue. A Bonn, c’est une carabine à verrou ou un drilling, pour les armes longues et pour las armes de poing, toujours à Bonn, il s’agit d’un Glock ou d’un Colt.

Le « Hirschfänger » (dague de chasse pour servir le gros gibier) appartient aux musées et traditions. Chaque chasseur allemand est titulaire d’une carte de détention d’armes (Waffenbesitzkarte) sur laquelle ses armes sont dument enregistrées.

Désolé pour les « traditionnalistes » (j’en fais partie, en réalité, et ce fut pour moi une découverte désagréable …) mais cela relève de ce que le chasseur allemand place au premier rang, c’est-à-dire la « Waidgerechtigkeit », mot à mot : « équité et justice à la chasse ». Sous ce vocable sont rassemblés aussi bien les égards et honneurs dû au gibier, le devoir d’abréger au plus tôt les souffrances de l’animal de chasse que le respect dû aux autres chasseurs ou la défense de l’image de la chasse autant que l’observation des lois et règlements

L’emploi de la dague pour servir le gibier, par des chasseurs débutants et peu ou mal formés contrevient directement à ce principe essentiel ».

Contrôle sanitaire et vente de la venaison :

« Pour respecter les normes européennes en matière de contrôle sanitaire et de traçabilité des aliments destinés à la consommation humaine, le futur chasseur allemand, qui jouit du droit de vendre la venaison à un commerçant, boucher-charcutier ou grande surface, reçoit au cours de sa préparation à l’examen une formation dédiée aux maladies du gibier (module auquel la participation est obligatoire avec contrôle par feuille de présence et signature des présents) il devient alors « kundige Person », c’est-à-dire qu’il est déclaré officiellement apte à introduire des aliments dans les circuits de la consommation humaine (privilège insigne, et grosse responsabilité).

Étiquetage du gibier :

Un autre certificat spécifique lui est remis à cette occasion, qui doit lui aussi être présenté aux autorités pour l’inscription à l’examen,

La préparation « normale » (il existe la possibilité de faire une préparation « concentrée » en deux semaines, offre proposée par de nombreuses « écoles de chasse » dure 8 mois (début des cours mi-septembre, examen s’étalant sur la fin avril et le début du mois de mai), à raison de 2 fois 1h30 de cours par semaine ; s’y ajoutent les sorties en forêt (6 dimanches, thèmes : sylviculture, connaissance du gibier, dégâts du gibier, affouragement, les « signes » de pirsch,  la recherche au sang, les relations avec les autres utilisateurs de la forêt, etc. …), les séances d’entraînement au tir pour les trois épreuves (tous les samedis à partir de début janvier, sur la base du volontariat … des séances de manipulation des armes – longues et de poing – sont organisées sur place, dans des locaux contigus aux stands de tir).

La participation à plusieurs chasses en société comme rabatteur, là-encore se fait sur la base du volontariat mais elle est vivement recommandée. Précision importante : les battues sont interdites les dimanches et jours fériés en Allemagne, pour permettre l’utilisation de la forêt par les promeneurs, ces chasses ont donc lieu en semaine.

Enfin, il ne faut pas oublier les séances de révision organisées par les formateurs (4 soirées pour ceux de la Kreisjägerschaft de Bonn) et le « bachotage » en petit groupe (les Allemands surnomment leur permis « das grüne Abitur », le bac vert!) ».

François S… me dit par ailleurs : « Mon permis a été établi à l’origine comme un « Ausländertagesjagdschein », c’est à-dire un permis pour étranger valable 14 jours, avant d’être re-validé en « Jagdschein », c’est-à-dire un permis allemand valable un, deux ou trois ans (ici un an seulement, c’est le chasseur qui décide).

On distingue :

– Le « Jagdschein » : Permis allemand normal, déjà évoqué, pour détenteur de la « Jägerprüfung »,

– Le « Tagesjagdschein » :permis temporaire pour détenteur de la « Jägerprüfung » également, validité usuelle 14 jours, renouvelable,

– Le « Ausländerjagdschein » :qui est accordé aux détenteurs de certains permis étrangers – essentiellement de la sphère germanique, Autriche, Suisse, Haut-Adige (!) – et qui ouvre les mêmes possibilités que le « Jagdschein »,

– et enfin le déjà cité « Ausländertagesjagdschein », concédé aux chasseurs étrangers dont le permis n’est pas reconnu en Allemagne …

A ma connaissance – c’est à vérifier – le Baden-Würtemberg reconnaît le permis de chasse français : cela est sans doute dû à la proximité frontalière, et au fait que les chasseurs Alsaciens, Lorrains et Francs-Comtois ont des pratiques de la chasse, indépendamment du permis lui-même, qui les rendent germano-compatibles…! »

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4 thoughts on “L’examen du permis de chasse Allemand. »le Bac vert ».”

  1. Bonjour
    chasseur depuis 45 ans ( petit et gros gibier ,battue/approche en plaine et montagne) ayant pratiqué 24 ans dans le N et le reste dans le Sud de la France ,tireur FFBT (PC) depuis 30 ans et tireur FFT depuis peu je déplore  » l’ indigence  » du cursus de formation du chasseur français !!!!
    Pour avoir beaucoup  »bougé » pour mon boulot j’ai aussi eu la chance d’assister à des chasses à l’étranger en tant qu’invité ou accompagnant j’ai pu constater l’extrême diversité des approches  »techniques,sociologiques ou philosophiques de la chasse selon les pays
    Ces exposés sur la chasse en Allemagne ou en Suisse sont très documentés et pédagogiques mais concernent un  »univers » quasiment parallèle par rapport au monde de la chasse française et me semble donc peu à même d’être perçu et analysé efficacement par le chasseur français moyen.Le gap est beaucoup trop important !
    Comment peut-on communiquer entre un chasseur germanique et monsieur Dupont quand on analyse leur environnement
    Dans les pays germaniques la chasse a toujours été réservée à une minorité de personnes disposant d’un budget chasse extrêmement élevé ( >10 000€ /an en moyenne ) ou à des  »chasseurs professionnels  » chargés de gérer la chasse par la collectivité
    En France la chasse est un héritage de la révolution qui a supprimé le privilège de la chasse réservée à la noblesse ( avant 1789 , le paysan qui tuait des lapins ravageant ses cultures encourait les galères)
    De plus il est difficile de comparer certains chasseurs parisiens , normands ou alsaciens….. qui doivent investir plusieurs milliers d’euros pour quelques journées de chasse et un chasseur du  »Sud » qui peut chasser tous les jours pour un budget de quelques dizaines ou centaines d’euros ( Loi Verdeille dans les 2/3 sud versus droit de chasse privé dans le  »Nord » )
    Certes l’accès à  » l’information  » s’avère être de plus en plus facile depuis quelques années grâce à la presse spécialisée et internet mais je constate qu’une large majorité des chasseurs auraient grand besoin d’une formation beaucoup étendue tout au moins en ce qui concerne la balistique , tant de vol que terminale , le maniement des armes ou la sécurité
    Comment permettre aux chasseurs à faibles revenus ,majoritaires dans de nombreuses régions méridionales et/ou rurales, d’améliorer leurs performances au tir ?
    Leur imposer légalement d’investir plus d’argent dans la pratique du tir exclurait beaucoup d’entre eux de ce loisir !avec la montée du  »sentiment » anti-chasse dans la population nationale et la prolifération des  »pseudo-écolos » de tous crins , ca serait suicidaire !!!
    A comparer avec les fond publics colossaux dispachés par l’Etat au profit du  »Culturel , Artistique ,Ecologique,….. » , les dotations des Fédés sont ridicules . Un arbitrage plus  »égalitaire » de l’argent de nos impôts , taxes et autres prélèvements divers pourrait permettre de financer l’amélioration de la formation théorique et pratique ( cessions de formations plus complètes et obligatoires , création d’infrastructures telles sanglier courant,cinétir, stands de tir cibles 50-300m ) avec une participation fédérale ou nationale à l’achat de munitions ( la FFBT le fait déja en proposant des cartouches à prix réduit pour les jeunes tireurs )

  2. https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19880042/index.html
    Ordonnance sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages
    Regarde les moyens interdit pour la chasse et les dérogations.
    Après en Suisse chaque canton a ses propres lois qui régissent la chasse.
    Je passe le permis dans le canton de Zurich. Revolver et pistolets sont à manipuler lors de l’examen Car autorisé.
    Comme tu l’a dit le couteau c’est le dernier recours quand les chiens sont trop près ou qu’un coup de feu ne serait pas sur.
    Aucune idée des incidents pendants la chasse.
    Après on a pas le droit par exemple au silencieux (pour l’instant), très peu ou pas du tous de fusils à répétition sous garde ou à pompe et si il y en as ils sont limitées à 2 ou 3 balle chargé
    Calibre minimum 7mm
    Etc

  3. Article très intéressant, vivant actuellement en suisse et passant le permis de chasse, c’est vrai que les germanophones ont une culture de la chasse complètement différentes…
    ici on est pratiquement obligé d’acheter les armes avant d’avoir le permis afin de pouvoir vraiment s’entrainé.
    Le permis comprend une épreuve de tir et manipulation des différentes arme autorisé à la chasse (fusils,carabine, stecher, revolver et pistolet…)
    Le chasseur est autorisé à porter une arme de poing pour achever l’animal si besoin.
    Dans le canton de Zurich le chasseur doit minimum être apprenti pendant 2 ans dans une « société de chasse » avant de pouvoir passer l’examen final du permis de chasse…
    Et TOUS les chasseurs doivent passer une épreuve de tir annuelle, sans cette épreuve interdit de chasser sa permet de faire un peu le ménage aussi 🙂

    1. Très intéressant !!!!!!!!!!!!
      Vous pourriez me trouver le lien vers les textes qui parlent de l’autorisation de porter une arme de poing.
      Auriez vous un lien vers les stats des accidents de chasse en suisse ?

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