Un calibre tendu n’est pas un calibre polyvalent

Au hasard de mes lectures, conversations et autres visionnages de reportages de chasse, j’ai relevé une expression que l’on retrouve assez souvent : « Le 270 WSM est un calibre tendu donc polyvalent ». C’est faux ! Il est admis communément qu’un calibre est dit tendu lorsqu’il conserve une trajectoire quasiment rectiligne à une distance de 200 mètres en moyenne. Le qualificatif polyvalent signifierait, en l’espèce, qu’un projectile qui touche à 200 mètres sans réglage, présenterait les mêmes performances à 50 mètres. Performances « mécaniques » oui ! Performance en terme de « balistique lésionnelle », sûrement pas !

Les projectiles classés dans la catégorie dites des » magnums » comme le 270 WSM sont conçues à l’origine pour l’approche et l’affut. Mais « leur usage est quelque peu détourné en Europe » comme l’écrit Joël SERRE, expert balistique.

À l’approche et l’affut, où nous avons du temps pour lâcher la balle, le tir peut se faire sur de longues distances. Le chasseur choisit le moment le plus opportun pour tirer mais aussi et surtout pour choisir une « zone Incapacitante instantanée » pour ne pas perdre l’animal.

La “ZI²HL” (définition : Zone Incapacitante instantanée Haute Létalité) que j’ai mise au point pour caractériser une zone de l’animal qui lorsqu’elle subit un impact, permet toujours l’écroulement de l’animal sur place par opposition au coffre où les conséquences varient en permanence. Pour être « tendu » un calibre se doit d’être léger. S’il est léger il est aussi et souvent fragmentable. Mais cette légèreté réduit considérablement son pouvoir d’écrouler un animal soumis au stress intense de la battue. Quand l’animal est “lancé” (qu’il « pistonne » comme dit un collègue Basque). Même les plus gros calibres n’arrivent pas toujours à l’écrouler. Alors qu’un animal tiré à l’approche ou à l’affût ne souffre d’aucun stress. Dans ces conditions idéales, le moindre projectile couche une bête sur place. Un projectile léger même s’il est homogène, peut difficilement écrouler un animal dont le système nerveux est en surchauffe L’impact de la balle provoque un contre-choc induisant une montée plus forte encore d’adrénaline qui amène l’organisme à entrer dans une phase toujours plus élevée de résistance durant laquelle les informations de douleur ne remontent plus au système nerveux. L’animal se concentre uniquement sur sa survie, il n’y a pas de place pour laisser passer d’autres informations.

Pour un tir d’affût, le multi-criblage d’une balle fragmentable sur un organisme « au repos », provoque par sa brutalité, l’écroulement de l’animal et une mort rapide.  À l’inverse, c’est le poids d’une balle lourde  à  noyau soudé qui en limitant au maximum son expansion possède un fort pouvoir de pénétration. Le revers de la médaille c’est que ce sont des balles qui passées 120 mètres commencent à avoir « une flèche » difficile à gérer. Elles ont été conçues pour être tirées aux distances de battue.

Une bonne balle n’est pas une balle qui entre et sort d’un animal, ce qui est souvent le cas des 270 WSM. Une bonne balle est une balle qui conserve presque 100 % de son poids après l’impact et quels que soient les os rencontrés. C’est une balle qui s’adapte aux conséquences de l’impact sur le gibier : elle expanse peu ou beaucoup selon la zone touchée. C’est une balle lourde, 14 grammes devrait être le minimum en battue au grand gibier. Ce poids est calculé pour la très grande majorité des chasseurs, il est à pondérer selon les qualités du tireur : Un bon tireur pourra utiliser une balle moins lourde, par exemple du 7×64 en 9 grammes. Sachant que sur du grand gibier elle ne tolérera aucune erreur de placement.

Parler de « polyvalence » pour du 270 WSM, sous-entendrait qu’il est efficace sur toutes distances. Nous ne sommes pas dans un véhicule dont on enclenche les 4 roues motrices pour passer de la route à la piste et vice-versa. Ce dernier, oui, est polyvalent. La polyvalence existera le jour où l’on sera capable d’expédier un projectile de 22 grammes possédant une DRO établie à 200 mètres. Ce n’est pas pour demain !

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