Le journaliste de FRANCE 24 Roméo Langlois a reçu le Prix Albert-Londres 2013 pour son reportage « Colombie : à balles réelles », diffusé en juin 2012.
Vous commencez d’abord par lire l’article complètement. Une fois bien imprégné des commentaires vous revenez ici et vous cliquez sur ce lien : « Le journaliste de FRANCE 24 Roméo Langlois reçoit le Prix Albert-Londres »
La première vidéo tout en haut c’est après la nomination du lauréat par le jury. La deuxième vidéo tout en bas de la page de FRANCE 24, c’est le reportage proprement dit.
Vous regarderez la deuxième vidéo après avoir lu l’article, on ne peut pas les dissocier de l’article.
Soyons clair ! Je ne m’insurge pas contre ce prix ! Je m’insurge sur les commentaires et la façon dont est présenté ce reportage. Tout cela m’a rendu fou-furieux, mais fou-furieux au sens propre du terme !
Le journaliste en question n’est pas ce que l’on appelle « un correspondant de guerre » au sens propre du terme, c’est un simple journaliste, reporter d’images qui fait et le présentateur de l’émission le souligne : « un reportage de routine ». « De routine » ! Ce n’est pas un correspondant de guerre qui monte au front conscient des risques qu’il prend.Voir le prix « BAYEUX-CALVADOS des correspondants de guerre ».
Le journaliste de FRANCE 24, Roméo Langlois le dit lui même : « Je pensais filmer une opération anti-drogue de routine, elle a très mal tournée ».
Pourtant dans la présentation vidéo de remise du prix, la commentatrice de FRANCE 24 dit : « Caméra au poing notre journaliste est allé filmer ce conflit ». C’est faux ! Il n’est pas allé filmer « un conflit » il est allé filmer une « opération anti-drogue de routine ».
Cela relève plus de l’opération policière que de la guerre ! Il n’y a qu’à voir l’armement dont disposent les soldats ça laisse pantois ! On va jusqu’à se faire photographier avec en arrière plan d’écran les installations du paysan qui brûlent ! Là aussi on va y revenir. Vous verrez que je n’ai pas la même lecture que ce fameux jury Albert Londres !
Il y a une différence me semble t’il, IMMENSE entre un correspondant de guerre comme Yves DEBAY qui monte en première ligne conscient des risques qu’il prend et se fait tuer en Syrie. Il fut le seul correspondant de guerre à pénétrer dans Bagdad au plus fort des combats, lors de la deuxième guerre du Golfe.
Pourquoi je dis cela ? Parce que je ne vois pas où est le courage tant vanté par les commentateurs et le jury.
Le lauréat lui-même a la modestie et la lucidité de nous faire comprendre qu’il s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Il n’y a aucun courage à filmer une scène de guerre dans laquelle on se trouve embarqué par le hasard, il laisse sa caméra tourner tout simplement et de toute façon il le dit lui-même il veut « s’éloigner des autres soldats » qui l’entourent et pour cause, rien ne ressemble plus à une arme de poing qu’un caméscope, passé quelques dizaines de mètres. Il s’empresse donc de se débarrasser de la caméra, c’est lui qui le dit !
Un correspondant de guerre ne s’éloigne pas des combattants. Au contraire ! C’est son assurance-vie. Sauf que l’assurance vie du brassard « Presse » il ne le porte pas.
La mort des deux reporters tués à l’hôtel Palestine à Bagdad en 2003, par un tir de char alors qu’ils filmaient depuis une terrasse l’arrivée des chars Américains, s’explique (mais ne se justifie pas pour autant !) par le fait qu’à plus de 1000 mètres, une énorme caméra noire vissée à l’œil et à l’épaule d’un type, qui plus est sur un balcon face aux chars qui foncent vers eux, ressemble furieusement à un lance-missiles plutôt qu’à un joueur d’accordéon… !
Pourquoi certains paparazzis évitent de courser les chefs d’états en vacances avec un téléobjectif d’un mètre ? Parce qu’à plus d’une centaine de mètres, va faire la différence entre un vrai-vrai téléobjectif et un vrai-faux télé… !
Amusez-vous à braquer un téléobjectif d’un mètre quand Obama va à la plage, vous finirez en passoire… ! Méditez, méditez il n’est jamais trop tard !
Il faut dire qu’en plus, ce reporter n’a même pas un brassard de presse, pas un gilet marqué « Presse » ! Rien ! Nada !
Alors de grâce ! Arrêtons de parler d’acte de courage et d’héroïsme, d’ailleurs le reporter s’en garde bien ! Je tiens à le répéter et c’est tout à son honneur.
Il le dit lui même : « je me suis caché dans les buissons et j’ai jeté la caméra loin de moi ».
Passons maintenant à ce qu’il y a d’encore plus scandaleux : Ce que ce jury et autres présentateurs de journaux ont retenu de ce film. C’est encore plus scandaleux que mes précédentes remarques !
Annick Cojean, « présidente du jury de la plus prestigieuse récompense du journalisme francophone » et grand reporter du journal LE MONDE déclare : Première vidéo : « ça nous donne le pouls de la situation du pays, on est avec eux, en même temps on est au ras du sol, on entend les balles sifflées… ».
Tu voulais qu’il filme debout peut-être ! Il était là par hasard ! Il n’y serait jamais allé sinon, en tout cas pas équipé comme un vulgaire touriste !
C’est bizarre, je n’ai pas du voir le même film qu’Annick Cojean.
Que cette brillante (et fort charmante) journaliste ne soit pas une experte en matériel militaire je veux bien, que tout ce joli petit monde ne retienne que des « balles qui sifflent » dans ce film me choque énormément !
Voici ce que moi j’ai retenu du film :
- La situation : Le journaliste suit les soldats qui viennent détruire la cabane dans laquelle le paysan Colombien entasse sa récolte de coca et pose cette question : « Et vous Monsieur pourquoi vous plantez de la coca…… ? »
- Réponse du paysan en pleurs : « PAR ICI, LE SEUL TRUC RENTABLE C’EST LA COCA, QU’EST-CE QUE VOUS VOULEZ QU’ON FASSE D’AUTRES , IL N’Y A PAS D’AUTRES CULTURES RENTABLES, NON ! LA ROUTE EST TROP MAUVAISE POUR TRANSPORTER QUOI QUE CE SOIT ! J’AI DU MANIOC, JE NE PEUX MÊME PAS ALLER LE VENDRE ! LA SEULE CHOSE A FAIRE C’EST DE CULTIVER DE LA COCA ET ÇA RAPPORTE A PEINE DE QUOI MANGER ! LA COCA ON LA VEND LA OU IL Y A DU FRIC ! ON VEND A CELUI QUI ACHÈTE…..! ».
- Et le journaliste d’y aller de ce commentaire lumineux (!) : « Ça pose des questions sur la Colombie et la négociation avec la guérilla ».
Il n’est pas magnifique ce commentaire….. !!!!! Et le connard de paysan qui ne peut même pas exporter hors de son village le manioc parce qu’il n’y a pas une putain de route en état on en fait quoi du pauvre connard de paysan…..?
On l’envoie aux oubliettes de l’histoire comme les pécheurs Somaliens devenus pirates à cause des bateaux usines des pays dits « développés, démocratiques et civilisés » ? Crevez de faim paysans Colombiens et pêcheurs Somaliens mais ne venez pas nous faire chier avec vos cultures de coca et vos actes de piraterie ! Au mieux on vous enverra un de nos plus brillant (au sens propre du terme) politicien Français tout frais payé en première classe pour : « …poursuivre en justice et incarcérer les personnes qui se livrent à la piraterie ».
Et si avant de combattre les FARC, on commençait à lui construire des routes au paysan Colombien…. !
A oui ! les balles qui sifflent ça fait bander les foules et le jury ! Le connard de paysan qui pleure pour qu’on ne lui brûle pas un misérable bidon de lessive parce qu’il n’a que ça, personne ne le voit ! Par contre grosse masturbation intellectuelle sur « les balles qui sifflent ».
Et pour immortaliser la scène on se photographie avec en arrière plan la cabane qui brûle !
Je m’arrête là parce que je sens que je vais devenir désagréable !
Passons à l’aspect militaire qui est tout aussi ubuesque ! Des soldats sans expérience qui ne manœuvrent pas, ne prennent même pas la peine de se baisser. Des soldats fatalistes sur leurs sorts, qui font ça pour faire bouffer leur famille. Soldats recrutés sur la côte Atlantique, anciens descendants d’esclaves.
Je ne vous parle même pas des casques qui ne protègent même pas le visage. Si les yeux représentent 1% du corps c’est 100% de la capacité à combattre !
Armement : M16 en 5.56 (no comment ! voir mes articles.) sans dispositif optique ! Pas de gilet pare-éclats ! Oui vous lisez bien pas de gilet pare-balles ! Même pas un lance-grenades, rien ! NADA !
Pas de GPS pour donner sa position, pas de jumelles, des hélicoptères qui délivrent un appui-feu au petit bonheur la chance. Les types restent debout sous le feu, ils commencent à se coucher quand ils entendent les balles siffler.
Bilan 17 soldats tués ! 17 familles en deuil ! Mais bon c’est loin, très loin de chez nous, donc…. !!!!
Moi comme chasseur qui entend chaque année au moins une balle siffler au dessus de ma tête, je sais que lorsqu’elle siffle c’est qu’elle est passée ! C’est trop tard pour se baisser ! Parce que si elle est pour toi tu ne l’entends pas siffler, tu es déjà mort !
Hé oui ! On apprend deux choses à la chasse qu’un soldat mettra plus de temps à comprendre :
- Une balle qui siffle ou qui fait « frou-frou » (Blondeau 12) c’est une balle qui est passée au dessus de toi !
- Il est impossible de situer le départ d’un coup de feu ! Méditez, méditez, messieurs les décideurs-généraux, vous qui n’avez jamais été confrontés à ce genre de situation !
Vous avez un lien en bas à droite de l’article nommé « Écrire un commentaire ». N’hésitez pas à l’utiliser il n’y a pas de censure sinon celle de la bienséance.
Et puisqu’il s’agit du Prix Albert Londres, méditez aussi cette phrase : « D’autre part je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Albert Londres.
PS : Cliquez sur l’image ci-dessous, la première et courte vidéo se trouve en haut de l’article de FRANCE 24, la deuxième vidéo, le reportage en lui-même tout en bas.