En Corse et peut être plus qu’ailleurs, la chasse a une place très importante dans la société, et en particulier la chasse du sanglier, la passion de cette chasse qui perdure depuis un siècle, a été transmise de génération en génération par les « créateurs » de cette chasse, « les anciens ».
Aujourd’hui âgé de 21 ans et chasseur depuis mon plus jeune âge, j’ai la chance de côtoyer et d’apprendre aux cotés de l’un de ces hommes, Victor. Retour sur les traces de son histoire de la chasse en Corse au village de Bocognano ou tout débute durant la seconde guerre mondiale.
Des débuts difficiles.
Alors que le monde va entrer en guerre pour la seconde fois de son histoire, l’Italie fasciste prétend rattacher la Corse a sa cause, mais le serment de Bastia prononcé le 4 décembre 1938, affirme le contraire : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et mourir Français ! »
Discours a effet immédiat car le lendemain, des groupes antifasciste sont créés dans les deux principales villes Corses : Ajaccio et Bastia. Des lors, la Corse est rattachée en tant que zone libre jusqu’en 1942, la principale force des habitants Corses tient en divers groupes de résistants qui sont créés, principalement soutenus par « les Français libres » du général De Gaulle, mais également appuyé par les troupes d’Alger et fortement épaulé par les nombreux ravitaillements du sous-marin « Casabianca ». La population insulaire apporte également tout leur soutien aux valeureux résistants, permettant à certains patriotes Corses de se cacher dans leur environnement de prédilection, le maquis.
Petit à petit, les populations Corses se soulèvent et les membres de la résistance font pression sur le commandant des troupes d’occupations italiennes sur l’ile en lui demandant de choisir son camp, rapidement il décidera de rejoindre les forces alliés. A compté du 9 septembre 1943, les résistants Corses aux côtés des forces italienne harcèlent les troupes allemandes qui perdent du terrain jusqu’au point de se replier sur la ville Bastia comme dernier rempart, mais les fascistes capitulent et évacuent la Corse dans la nuit du 3 au 4 Octobre 1943.
A l’aube du 5 octobre 1943, la Corse devient le premier département Français libéré grâce à l’action conjointe des résistants Corses, de la population et des différentes forces armées italiennes et marocaines
Mais pendant que ceux qui sont en âge de se battre sont au front, les plus jeunes comme Victor, tout juste âgés d’une dizaine d’année ont aussi joués un rôle déterminant au sein des groupes de résistants, en effet ces jeunes hommes étaient chargés de guetter, d’être à l’affut des moindres forces fascistes en approche et devaient prévenir immédiatement les patriotes de l’évolution de la situation. Malgré leur jeune âge, ils ont participé d’une quelconque façon à la guerre, ce qui les aura rendus encore plus forts physiquement et mentalement, se dissimuler dans le maquis, pister les forces ennemies et apprendre à survivre à cette époque avec ce que la nature offre n’est pas chose aisée à cet âge. Très tôt dans leur vie, ils ont été habitué aux pires conditions de vie ce qui leur forgera par la suite un mental à toute épreuve et c’est pour cela qu’encore aujourd’hui, rien ne semble les perturber ou les atteindre, ils gardent un grand contrôle et une grande humilité dans n’importe quelle situation.
Durant la période d’après-guerre, dans leurs petits villages, c’est à présent à eux d’apprendre à entretenir leurs familles et de travailler dure pour les faire vivre, et a cette époque, tout est bon à prendre pour vivre le mieux possible, mais les taches qui attendent ces garçons sont loin d’être faciles, en effet lorsque les conditions climatiques le permettaient, Victor alors âgé de 12 ans, marchaient pendant de longues heures durant pour grimper au pieds des montagnes de la région pour y extraire du précieux charbon, trouvé au fond des galeries creusées à l’époque, bien évidemment cette exploitation du charbon ce faisait a très petite échelle du aux difficultés d’extractions et au manques de moyens de transports comme des routes ou des voies ferrées, en effet, les installations étaient rudimentaires, un treuils a bras, des centaines de mètres de vieux câbles d’acier suspendus aux arbres qui slalomaient entre les hêtres pour y acheminer les panier de houilles vers la voie d’accès la plus proche, ces installations sont encore visible de nos jours dans nos montagnes. Cette exploitation ne restera qu’un petit commerce et sera principalement consacrée à l’usage personnel, utilisé comme combustible pour se chauffer ou encore pour la cuisson.
Mais avant tout, ces hommes étaient des fils de bergers, et le sont à présent.
Après avoir gardé les troupeaux de brebis et de chèvres tout l’hiver en plaine accompagnés de leurs fidèles « Cursini » qui nés au milieu des brebis sont chargés de veiller sur les troupeaux, lorsque les beaux jours arrivent et que l’été approche, il faut alors remonter les bêtes en montagne pour qu’elles pâturent dans les grands plateaux montagneux ou les neiges ont fondues et ont laissées apparaitre derrières elles de belles pousses d’herbes fraiches et tendre pour les animaux.
Cette période de transition entre la plaine et la montagne est appelée transhumance, chaque berger suivait et surveillait ses troupeaux en montagne et ceux durant plusieurs semaines ou ils passaient les jours dans des petites « casette » maisonnettes en pierres sèches qui servaient d’abris pour les bergers durant ces périodes estivales. Durant la journée, ils consacraient la plupart de leur temps à la confection de fromage et de « brocciu », spécialité de fromage Corse, issu du petit lait de brebis ou de chèvres résultant de la fabrication des fromages, une pratique très importante surtout à l’époque dans les régions difficiles ou rien ne doit se perdre.
Outre ces taches quotidiennes de la vie de bergers, l’été, une autre opportunité de commerce était d’actualité, En effet, dans les montagnes faisant face au village de Bocognano, se trouve le glacier appelé « glacier du Busso » ou encore « glacier de la Tanedda » situé au-dessus des « bergeries du Matone », le glacier culmine à 1600 mètres d’altitude et comme souvent dans cette région, il n’était accessible qu’après une longue marche à travers les montagnes corses. En l’absence de congélateur a l’époque, il fallait accéder au glacier avec le matériel nécessaire pour y découper des morceaux de névé (bloc de glace) puis redescendre pour les acheminés jusqu’à la gare du village pour être commercialisés et alimenter les bars de la région, et oui, le pastis ça se boit avec de la glace et ça depuis toujours !
L’apparition d’une passion : La chasse au sanglier.
Hormis ces nombreuses tâches qui permettaient le commerce et le développement des régions, les hommes pratiquent la chasse cueillette, le piégeage et ce qui est qualifié aujourd’hui de braconnage, mais ces activités étaient de pratiques courantes et permettaient de nourrir les familles. C’est à cette époque que se pratiquent les premières chasses du sanglier, ce roi du maquis qui était à l’époque encore très rare, des faibles populations de sangliers étaient présentes dans la région et seulement quelques spécimens étaient aperçus de temps à autre.
Ayant acquis des capacités exceptionnelles au cours de ses nombreux périples depuis le début de sa vie, Victor maitrise et connait parfaitement le maquis qu’il parcours depuis toujours, il devient alors chose aisé pour lui de repérer une trace fraiche de sanglier, au bord d’un ruisseau ou dans les montagnes les plus éloignées, il prête attention à chaque détail, chaque passage, il pistera alors un animal durant quelques jours, le temps pour lui de déterminer le parcours du sanglier, ses habitudes, mais surtout son point faible, afin d’avoir plus de chance de le prélever, jusqu’au jour où il est fin prêt, il connait bien les habitudes de ce sanglier et sait exactement où il va passer, quand et par ou, mais ce jour-là, Victor âgé d’une quinzaine d’année, armé de son vieux juxtaposé chargé de deux chevrotines confectionnées a la main avec un étui et une bourre en carton, un peu de poudre noire et quelques grains de plombs, attend posté au pied d’un châtaigner ou au bord d’un ruisseau, sur un rocher ou directement à côté de la coulée de l’animal, le sanglier arrive et suit ses habitudes, sauf que ce jour il trouva plus malin que lui, les deux coups de fusil sont tirés rapidement pour ne pas risquer de perdre le sanglier, finalement il est là, mort sur place, ce sera l’un de ses premiers sangliers. De retour au village il sera chaleureusement accueilli et féliciter, abattre un sanglier est chose rare par ces temps, et le sanglier est un animal très rusé, sauvage et quasiment inaccessible, toujours plus méfiant discret et prudent à la fois, il est très difficile d’en approcher un, mais le roi du maquis Corse commence à éveiller la passion.
Les meilleurs chiens jamais élevés.
Les années passent et les populations de sangliers commencent à croitre légèrement, a l’heure où les conditions de vie s’améliorent, les fardeaux des exploitations du charbon et des glaciers disparaissent, il se consacre alors uniquement à son rôle de berger, ce qui reste un travail difficile, mais les avancées technologiques rendent les taches moins lourdes, création de route, modernisation de moyens de transports…et quelques autres nouveautés soulagent les hommes, la nourriture non plus n’est plus un problème et la vie devient plus agréable, mais malgré tout, chasseur et montagnard dans l’âme, Victor alors âgé d’une vingtaine d’année a plus de temps a consacré à sa passion, la chasse du sanglier, les chiens Corses, les « Cursini » qui étaient habituellement utilisés comme chiens de bergers vont commencer à avoir un tout autre rôle, celui de chien de chasse.
Petit à petit, il commencera à élever une petite meute de 3 ou 4 chiens, pour le moment, les chiens de races ne sont pas courants il y a donc beaucoup de croisés, mais chacun aura sa chance. Bien évidement pour avoir de bons chiens il faut déjà avoir un bon maitre, qui connait déjà beaucoup de chose du gibier à chasser, ensuite il faut que les jeunes chiens voient et s’habituent au sanglier et pour ça la seul solution est d’aller le chercher, et alors qu’ils ne sont encore que des « cateddi » des jeunes chiens de moins d’un an, ils accompagneront Victor partout dans les montagnes du village, de l’épais maquis aux plus hauts sommets, d’été en hiver, les chiens doivent connaitre parfaitement le biotope et commencer à repérer les traces, les indices, les odeurs de la présence ou du passage d’un sanglier.
Rapidement, les plus compétents et les plus passionnés d’entre eux partiront pour la première fois sur la voie du sanglier. Ils commencent à s’éloigné, un peu plus et les premiers aboiements se font entendre dans le canal formé par les montagnes, les premiers chiens remontent lentement sur lses traces d’un sanglier et marquent la voie par des aboiements à intervalles réguliers. Victor connaissant parfaitement chaque rocher de la région peut suivre attentivement le déroulement de la situation et pourra peut-être même apercevoir le sanglier, aujourd’hui la priorité est le travail des chiens, si le sanglier peut être abattu alors la leçon n’en sera que meilleure !
Après de longues heures de recherche, les chiens semblent se rapprochés du sanglier, les aboiements des grand courants changent de rythme, il n’est plus question d’aboiement fractionnés, mais juste des continus, beaucoup plus pressants, ceux qui procurent les premiers frissons, et cette adrénaline qui monte chez le chasseur comme chez les chiens qui sont maintenant tout proche du sanglier, a présent, c’est une longue course qui s’engage de montagne en montagne, de crêtes en crêtes, traversant les rivières, les éboulis puis redescendent dans l’épais maquis puis retourner dans les forêts plus clairsemées, effectuer de longues boucles pour repasser à chaque fois au même endroit au mètres prêts, tout est bon pour le sanglier afin d’échapper à ses poursuivant, ou il use et abuse de ruses plus incroyables à voir les unes que les autres, passer d’un côté, remonter par le même endroit et finalement redescendre ailleurs, changer de direction, faire des détours, multiplier les fausses pistes, l’animal est extrêmement rusé, et les chiens devront être très attentifs pour ne pas perdre la trace du sanglier.
Victor pendant ce temps, suit les chiens en se repérant aux aboiements, et a la direction de fuite du sanglier, mais lui aussi connait bien le maquis, les raccourcis et les astuces que lui seul peut trouver, toute son expérience qu’il a acquis plus jeune lui est à présent très utile pour rester au plus près de l’action de chasse et finalement, arriver sur un poste qu’il connait bien, qu’il a déterminé grâce aux nombreux passages des chiens lorsque le sanglier tourne toujours au même endroit, mais plus le temps passe et plus les jeunes chiens fatiguent, ils perdent du terrain sur le sanglier habile et expérimenté, mais ce jour-là, il trouvera plus astucieux que lui, alors que le sanglier passe une énième fois par ce petit ruisseau dans les gorges des montagnes, Victor l’attend de l’autre côté, l’entend arriver dans l’épais maquis où les branches craquent sous ses pattes, cette foulée rapide qui se synchronise sur les battements du cœur du chasseur, la masse noire est visible, il arrive et touche la rivière, a présent il est parfaitement visible, une fois de l’autre côté, un coup de fusil amplifier sonne dans le ruisseau et raisonne dans la vallée, suivi d’un nuage de fumée blanche, le coup de fusil raisonne encore dans les oreilles et ce petit sifflement s’atténue, une fois le silence revenu et la fumée dissipée, le sanglier apparait au bord de l’eau, mort.
Le travail des jeunes chiens a payé, et ils en seront récompensés, ils arrivent en aboyant sur le sanglier qui dû aux nerfs, ne bouge plus que la patte arrière qu’ils s’empressent d’attraper et de mordre. A présent il ne reste plus qu’à vider l’animal a même le ruisseau pour alléger la charge que Victor devra porter sur le dos jusqu’au village. Une leçon parfaite pour les jeunes chiens qui ont pris gout au sanglier tout comme pour Victor, qui après avoir démontré une fois de plus sa maitrise de la nature, se découvre une nouvelle passion, celle des grands chiens courants !
Il répétera chaque jour, chaque week-end, les sorties avec ses chiens, il s’avèrera que même le chien le plus bâtard de la meute soit en fait un chien d’exception, qu’importe la race, chaque chien a ses qualités et ses défauts que ce soit le grand bleu de Gascogne, le Bruno du Jura, le porcelaine ou un croisement de tout cela, il possède sa premier meute de chiens courants pour la chasse au sanglier, mais chaque sortie ne se terminera pas toujours par le prélèvement d’un sanglier, bien au contraire, souvent les sangliers parviennent à s’échapper avec les chiens à leurs trousses, ils seront alors introuvables pendant plusieurs jours et devront retrouver le chemin de la maison tout seuls.
Mais chasser seul avec ses chiens n’est pas le but de la chasse, il est temps pour Victor de créer une équipe de battue avec quelques membre de la famille et du village, d’autant plus que cette chasse du sanglier attire peu a peu, beaucoup de curieux qui se prendront de passion pour la bêtes noire. Les tableaux des premières années, de 1945 à 1970 resteront relativement faibles avec environ 10 à 20 sangliers prélevés sur une saison, mais chacun prend du plaisir a participer aux battues, écouter les chiens ou simplement voir un sanglier, le tir d’un animal, réussi ou non, reste une finalité dans l’acte de chasse, qui rendra la journée encore plus réussie.
Dans les année 1980, mon père est lui aussi tombé dans la passion du sanglier, alors qu’il était avant tout un chasseur de plume, il rejoint l’équipe de Victor en 1982, à l’époque composée d’une dizaine de membres, c’est au cours de cette année que « le chef » lui fera tué son premier sanglier pour l’équipe de Bocognano, Victor est un modèle pour tout le monde, ici il est chez lui connait tous les passages, toutes les remises et tous les postes, c’est ce qu’il devra apprendre à son équipe, qui après une saison ensemble acquièrent de l’expérience rapidement. Mais à une époque où le sanglier est de plus en plus présent mais toujours très discret et méfiant, les chiens impressionnent tout le monde, ils ont une passion hors du commun pour le sanglier, les rabatteurs ne sont alors que deux ou trois, accompagnés en tout d’une dizaine de chiens, encore la de toute race, pure ou non. Et aujourd’hui encore, les membres de l’équipe se rappellent des exploits de certains de ces chiens qui sont les meilleurs chiens qu’ils n’ont jamais connus, les exploits d’un « Turcu » qui lâché du bas de la battue montait plusieurs heures durant en marquant jusqu’au pied des montagnes pour lever un sanglier dont il avait trouvé une veille trace 3 heures plutôt pour finalement le faire tuer en poste, ou encore d’un « Periolu » qui après avoir trouvé une bande de sanglier, s’élançait a la poursuite de l’un d’entre eux qui avait quitté les autres pour le pousser de son aboie roque vers les postes et qui au coup de fusil du chasseur, s’arrêtait et retournait ou il avait trouvé les autres sangliers qui n’ont pas bougés afin de les rabattre à leur tour vers les lignes des postés et ceux un par un jusqu’à ce qu’il n’y est plus de sanglier en battue, mais aussi l’histoire de « Culombu » qui a livré son dernier combat dans les gorges de Pruniccia face à un gros sanglier qui lui ôtera la vie au cours d’un ferme héroïque.
Des histoires comme ça, de ces chiens accros à la chasse du sanglier, il y en aurait des centaines à raconter, mais il fait bon de s’en rappeler lors de nos longues journée de chasse d’hiver autour d’une bonne table et entendre à nouveau ces histoires mémorables que l’on connait par cœur, et de saluer encore une fois la mémoire de ces chiens hors normes qui nous ont donnés tant de plaisir et de belles chasses et restent les meilleurs chiens avec lesquels ils ont eu la chance de chasser, mais qui pour la plupart d’entre eux ont perdu la vie lors d’un dernier face à face avec l’animal de leur passion !
Un modèle pour les jeunes.
Plus tard dans les années 1990, les populations de sangliers ont littéralement explosées et les tableaux de fins atteignent des sommets avec 40,50,60 et même 70 sangliers du 15 Aout au 31 janvier, cette forte augmentation est due en grande partie aux bonnes conditions climatiques et aux saisons des pluies convenables qui permettent de bonnes glandées et la production de beaucoup de fruits ( châtaignes, faines…) les laies élèvent alors beaucoup plus de sangliers, mais cette évolution de la population sanglier est aussi conjointe au fait que les éleveurs de cochons laissent leurs animaux en liberté, ce qui aboutira à certains malheureux croisements.
Lorsque j’arrive dans l’équipe au côté de mon père à l’âge de 13 ans, je peux apprécier par moi-même l’ambiance et les histoires de nos anciens, débarquant dans le monde de la chasse, j’ai tout à apprendre, ce que je fais rapidement en poste avec mon père, mais j’apprends aussi énormément de l’expérience d’un homme comme Victor, lors de nos première battues, j’étais impressionné par les connaissances et les habitudes peu communes de cette homme, il a envie de me transmettre tout ce qu’il connait tout comme j’ai envie d’apprendre tout ce qu’il peut savoir, petit à petit, je l’accompagne après les battues, pour me montrer tel et tel poste, toute les petites astuces, tout ce qui peut faire de moi, un bon chasseur, après avoir tué mon premier sanglier, je fais partie intégrante de l’équipe et les sangliers s’enchainent, les conseils portent ses fruits et je progresse, jusqu’à devenir ce que je suis aujourd’hui, un chasseur confirmé qui continu d’apprendre, inspiré par les hommes comme ça qui a chaque battue nous fait une nouvelle démonstrations de son énorme registre de connaissance, voici la dernière en date :
Un matin de novembre, Victor a repéré plusieurs traces de passages de sangliers dans une battue, logiquement c’est là-bas que nous irons. Au cours de la battue un beau sanglier s’échappe devant ses chiens par un poste du bas que Victor nous avait prévenu de bien tenir, il écoute ses chiens et comprend immédiatement que le sanglier est passé au travers !
Lorsqu’il arrive trop tard, le sanglier est passé et les chiens aussi ! Rebelote, le sanglier vient de passer et il rate les chiens de quelques mètres, dernière chance, il descend le col vers la commune voisine, se gare au bord de la route et monte en courant vers un poste au-dessus d’un ruisseau, après 200 mètres de montée, il arrive essoufflé en poste, mais il entend les chiens, visiblement le sanglier n’est pas encore passé, et justement le voilà qui arrive, au trot, sous les hêtres c’est un beau mâle ! Il le laisse monter jusqu’à lui de l’autre côté du ruisseau et a 15 mètres, un premier coup de fusil puis un second pour l’achever ! Le sanglier roule dans le ruisseau et les chiens n’arrivent même pas 2 minutes après. Il vide le sanglier sur place et le ramène au 4×4 avec ses chiens, le tout à bientôt 80 ans ! Tout content de lui il nous prévient qu’il a tué ce sanglier, la question est comment a-t-il pu savoir ou allait passer ce sanglier ?
Facile, cela faisait une semaine qu’il pistait ce sanglier, il l’a tout d’abord trouvé le passage devant la battue ou nous étions, il a continué à suivre la trace jusqu’au poste qu’il nous avait prévenu de bien fermer, mais comme il connait bien son équipe, il a continué à suivre les traces du sanglier dans les feuilles de hêtres jusqu’au col hors de battue, et a continué ainsi jusqu’à la commune voisine, ce sanglier avait l’habitude de naviguer en les deux communes a plusieurs kilomètres de distance, Victor a retracé exactement son parcours, et avait prévu 3 postes, au cas où…et lorsqu’il a entendu ce sanglier nous échapper pendant la battue du samedi, il savait exactement où il avait une chance de l’arrêter, comment ne pas être admiratif d’un tel homme ?
Nous pouvons nous dire que ce genre d’exploit arrive que très rarement, mais non ! À chaque battue que nous faisons, notre cher Victor a toujours cette lucidité, cette malice et surtout cette capacité à connaitre tous les passages pour couper la fuite d’un sanglier, qui le bien souvent est un beau solitaire !
C’est un privilège pour nous tous, chasseurs de sanglier, de pouvoir profiter de l’expérience de ces hommes, partager un bon repas à leurs côtés, et à la tombée de la nuit, après une bonne journée de chasse l’hiver, se rassembler dans le noir au coin du feu qui nous sert de seule source lumineuse, fatigués, épuisés, réchauffés par la braise qui crépite, un verre d’eau de vie à la main et écouter pendant des heures les histoires de guerre ou les souvenirs de chasse que nos anciens se font un plaisir de nous raconter
Ces hommes hors du commun sont considérés aujourd’hui encore comme les porteurs et les gardiens des valeurs et des traditions Corses, proches de la nature, de leur maquis natale, ils savent tirer les moindres profits qu’elle leur donne, Il reste nous reste tant de choses à apprendre, qui au cours de leurs vies, ont tout connu, le pire comme le meilleur, ce sont d’éternels passionnés de chasse, cette passion de la chasse qu’ils ont créés de toute part, et qu’aujourd’hui encore ils s’efforcent de partager avec les plus jeunes, ce sont des hommes respectables et surtout respectés, ils sont nos Encyclopédies de la chasse et de l’histoire corse !
Merci à Guillaume pour ses talents de conteur.
« I Vechi », Enciclopedia di a caccia è di a storia corsa
In Corsica è forse più chè in altrò, a caccia occupa un postu assai impurtante in a sucetà, è in particulare a caccia à u cinghiale, a passione per sta caccia chì dura dapoi un seculu, hè stata trasmessa da generazioni in generazioni da i « creatori » di sta caccia. caccia, « l’anziani ».
Avà 21 anni è cacciatore da u mo più chjucu, aghju a pussibilità di scuntrà è amparà à fiancu à unu di sti omi, Victor. Riturnà nantu à i tracce di a so storia di a caccia in Corsica in u paese di Bocognanu induve tuttu principia duranti a Siconda Guerra Munniali.
inizii difficiuli
Mentri u mondu si mette in guerra per a siconda volta di a so storia, l’Italia fascista pretende di ligà a Corsica à a so causa, ma u ghjuramentu di Bastia prununziatu u 4 dicembre di u 1938, affirma u cuntrariu : « In faccia à u mondu. , di tutta a nostra ànima, nant’à e nostre glorie, nant’à i nostri tombi, nant’à i nostri culletti, ghjuràmu di campà è di more francese ! »
U discorsu hà un effettu subitu perchè u ghjornu dopu, i gruppi antifascisti sò creati in e duie cità principali di a Corsica : Aiacciu è Bastia. Da tandu, a Corsica hè stata attaccata cum’è zona franca sin’à u 1942, a forza principale di l’abitanti corsi tenuta in diversi gruppi di resistenza chì sò stati creati, soprattuttu sustinutu da « i francesi francesi » di u generale De Gaulle, ma ancu sustinuti da e truppe di Algeri è fermamente sustinutu da i numerosi pruvisti di u sottumarinu « Casabianca ». A pupulazione isulana dà dinù tuttu u so sustegnu à i valenti resistenti, permettendu à certi patriotti corsi di piattassi ind’è u so ambiente predilettu, u maquis.
À pocu à pocu, e pupulazioni corse si alzanu è i membri di a resistenza mettenu pressione nant’à u cumandante di e truppe d’occupazione taliane in l’isula dumandendulu di sceglie u so campu, deciderà prestu à unisce à e forze alleate. Dès le 9 septembre 1943, les résistants corses aux côtés des forces taliennes harcèlent les troupes allemandes qui perdent du terrain au point de retomber sur la ville de Bastia comme l’ultime rempart, mais les fascistes capitulent et évacuent la Corse la nuit de Da u 3 à u 4 ottobre di u 1943.
À l’alba di u 5 d’ottobre di u 1943, a Corsica diventa u primu dipartimentu francese liberatu grazia à l’azzione cumuna di a resistenza corsa, di a pupulazione è di e diverse forze armate taliane è marocchine.
Ma mentre quelli chì anu l’età di luttà sò in fronte, i più ghjovani cum’è Victor, solu dieci anni, anu ancu ghjucatu un rolu decisivu ind’è i gruppi di resistenza, anzi, issi ghjovani eranu rispunsevuli di vigilà, d’esse à a guardia e forze fasciste si avvicinavanu è anu da avvistà immediatamente i patrioti di l’evoluzione di a situazione. Malgradu a so ghjovana età, anu participatu in una certa manera à a guerra, chì li averà resi ancu più forti fisicamenti è mentali, per ammuccià in i maquis, per seguità e forze nemiche è per amparà à sopravvive à questu tempu cù ciò chì a natura offre. ùn hè micca faciule à questa età. Moltu prestu in a so vita,
Centinaie di metri di vechji cables d’acciaio sospesi à l’arburi chì slalovanu trà i faggi per traspurtà i cesti di carbone à a strada d’accessu più vicina, sti stallazioni sò sempre visibili oghje in i nostri muntagni. Questa splutazioni ferma solu una piccula attività è serà principalmente dedicata à l’usu persunale, utilizatu com’è carburante per u riscaldamentu o per a cucina.
Ma sopratuttu, sti omi eranu figlioli di pastori, è sò cusì avà.
Dopu à a guardia di i mandri di pecuri è di capre tuttu l’inguernu in piaghja accumpagnati da i so fideli « Cursini » chì sò nati à mezu à e pecure è sò rispunsevuli di veglia à e gregge, quandu u bonu tempu ghjunghje è l’estate si avvicina, ellu U L’animali deve esse tandu cullati in muntagna per ch’elli pascenu in i grandi altipiani di muntagna induve a neve s’hè sciolta è lascià daretu à l’animali belli germogli d’erba fresca è tenera.
Stu piriu di transizione trà a piaghja è a muntagna hè chjamatu transumanza, ogni pastore seguitava è fighjulava i so mandri in muntagna è quelli di parechje settimane duv’elli passavanu i ghjorni in picculi “casette” casette in petre secche chì servivanu d’aspittà à a muntagna. pastori durante issi periodi d’estate. In a ghjurnata, anu cunsacratu a maiò parte di u so tempu à fà u casgiu è u « brocciu », una spicialità di furmagliu corsu, fattu da u latte di pecura o di capra risultatu da a fabricazione di casgi, una pratica assai impurtante soprattuttu in Auropa. nunda ùn deve esse persu.
Outre ces tâches quotidiennes de la vie des pasteurs, d’été, une autre occasion d’affaires était d’actualité : en effet, dans les montagnes face au village de Bocognano, se trouve le glacier appelé « Glacier du Busso » ou « Glacier de la Tanedda » situé au-dessus. i « ovili di u Matone », u ghiacciatu culmina à 1600 metri d’altitudine è, cum’è spessu in stu rughjone, ùn era accessibile chè dopu à una longa caminata à traversu a muntagna corsa. In mancanza di un congelatore à l’epica, ci vole à accede à u ghiacciau cù l’attrezzatura necessaria per taglià pezzi di neve (bloccu di ghjacciu) po scendinu per traspurtalli à a stazione di u paese per esse cummercializati è furnisce i bar u rughjone, è iè, pastis si beia di ghjacciu è hè sempre statu !
L’apparizione di una passione : a caccia à u cinghiale
Fora di sti tanti mistieri chì permettenu u cummerciu è u sviluppu di e rughjoni, l’omi praticavanu a caccia, a cugliera, a trappula è ciò ch’ellu si chjama oghje u bracconaghju, ma isse attività eranu pratiche cumune è permettevanu d’alimentà e famiglie. Hè à st’epica ch’elli si fecenu e prime cacce di cinghiali, stu rè di i macchi chì era sempre assai raru à l’epica, pupulazioni scarse di cinghiali eranu prisenti in a regione è si ne vedenu chè uni pochi di esemplari di tantu in tantu.
armatu cù i so vechji juxtapusi carchi di dui buckshots fatti a manu cù una cassa è una borra di cartone, un pocu di polvara nera è uni pochi di pellet, aspetta postu à pedi di un castagnu o à l’orlu di un ruscello, nant’à un scogliu o direttamente accantu à u casting di l’animali, u cinghiale ghjunghje è seguita i so abitudini, salvu chì questu ghjornu hà trovu più intelligente chè ellu, i dui fucili sò sparati prestu per ùn risicà di perde u cinghiale, infine hè quì, mortu nantu à u spot, serà unu di i so primi verri. Di ritornu in paese, sarà accoltu è felicitatu cù calore, tumbà un cinghiale hè una cosa rara in questi tempi, è u cinghiale hè un animali assai astutu, salvaticu è quasi inaccessibile, sempre più suspettu, discretu è prudente à u stessu tempu, hè hè assai difficiule d’avvicinà unu,
I migliori cani mai criati
L’anni passanu è e pupulazioni di cinghiali accumincianu à cresce un pocu, in un momentu chì e cundizioni di vita si migliurà, i carichi di l’estrazione di carbone è di i ghiacciai si spariscanu, si dedicà tandu solu à u so rolu di pastore, chì ferma un travagliu difficiule, ma i prugressi tecnulugichi facenu. i travaglii menu pisanti, creazione di strade, mudernizazione di i mezi di trasportu… è qualchì altra nuvità allevia l’omi, l’alimentazione ùn hè più un prublema ancu è a vita diventa più piacevule, ma malgratu tuttu, cacciatore è alpinista in core, Victor, dopu à i so vint’anni, hà più tempu dedicatu à a so passione, a caccia di cinghiali, i cani corsi, i « Cursini » chì sò generalmente usati cum’è cani da pastore, cumincianu à avè un rolu completamente diversu,quellu di un cane di caccia.
Pocu à pocu, hà da principià à crià un picculu pacchettu di 3 o 4 cani, per u mumentu, i razzi di cani ùn sò micca cumuni, cusì ci sò parechje croce, ma ognunu hà a so chance. Di sicuru, per avè boni ghjacari ci vole digià avè un bonu maestru, chì sà digià assai di u ghjocu à caccià, tandu i ghjovani cani anu da vede è abituati à u cinghiale è per quessa l’unica suluzione hè di andà à circà. , è mentre ch’elli sò sempre solu « cateddi » di ghjacari di menu di un annu, accumpagnaranu à Victor in ogni locu in a muntagna di u paese, da a macchia grossa à e cime più alte, da l’estate à l’inguernu, i cani anu da cunnosce perfettamente u biotopo. è cumincianu à vede e tracce, indizi, odori di a prisenza o di u passaghju di un cinghiale.
Prestu, i più cumpetenti è i più appassiunati trà elli partenu per a prima volta nantu à a strada di u cinghiale. Cumincianu à alluntanassi, un pocu di più è si sente u primu abbaia in u canali furmatu da a muntagna, i primi cani cullighjanu pianu pianu nantu à e tracce di un cinghiale è marcanu a strada abbattendu à intervalli regulari. Victor, sapendu perfettamente ogni roccia in a regione, pò seguità cù cura u prugressu di a situazione è pò ancu esse capace di vede u cinghiale, oghje a priorità hè u travagliu di i cani, se u cinghiale pò esse uccisu allora a lezziò ùn serà micca. chì megliu!
Dopu à longu ore di ricerca, i cani parenu avvicinassi à u cinghiale, l’abbaia di i grandi currenti cambia u ritmu, ùn si tratta più di abbaia spaccata, ma solu cuntinui, assai più pressanti, quelli chì dannu i primi fremi, è st’adrenalina chì nasce in u cacciadore cum’è in i cani chì sò avà assai vicinu à u cinghiale, avà, hè una corsa longa chì s’impegna di muntagna in muntagna, di cresta in cresta, attraversendu fiumi, ghiaione poi torna falà ind’è u densu. maquis poi vultà à i boschi più sparsi, fate longu loops per vultà ogni volta à u stessu locu à i metri pronti, tuttu hè bonu per u cinghiale per scappà i so perseguitori, induve usa è abusa di più trucchi incredibili per vede chè u altri, per passà da una parte,cullà da u stessu locu è infine falà in un altru locu, cambia a direzzione, fate deviazioni, multiplica falsi piste, l’animali hè assai astutu, è i cani anu da esse assai attenti à ùn perde a traccia di u cinghiale.
Vittoriu duranti stu tempu, seguita i cani situendu si abbaia, è hà a direzzione di volu di u cinghiale, ma ancu ellu cunnosce bè i machi, i scorciatoghji è i trucchi chì solu ellu pò truvà, tutta a so sperienza ch’ellu hà acquistatu. più ghjovanu hè avà assai utile per ellu per stà u più vicinu pussibule à l’azzione di caccia è infine, per ghjunghje à una pusizioni ch’ellu cunnosci bè, ch’ellu hà determinatu grazia à i numerosi passaggi di i cani quandu u cinghiale volta sempre à u listessu locu. , ma più u tempu passa è più i ghjovani cani si stancanu, perdenu a terra nantu à u cinghiale sapiente è espertu, ma quellu ghjornu truverà più astutu chè ellu, cum’è u cinghiale passa per l’ennesima volta per stu picculu ruscelli ind’u . gola di muntagna, Victor l’aspetta da l’altra parte,u sente ghjunghje in a macchia spessa induva i rami scricchiolanu sottu à e so zampe stu passu rapidu chì si sincronizza cù u battitu di u core di u cacciadore, si vede a massa nera, ghjunghje è tocca u fiume, avà si vede perfettamente, una volta à l’altru. latu, un colpu amplificatu sona in u russu è sona in a valle, seguitu da una nuvola di fumu biancu, u fucile sona sempre in l’arechje è stu picculu fischiu si cala, a Una volta chì u silenziu hè tornatu è u fumu s’hè sbulicatu, u cinghiale. si prisenta à a riva di l’acqua, mortu.un colpo amplifié sonne dans le ruisseau et sonne dans la vallée, suivi d’un nuage de fumée blanche, le coup de feu sonne encore dans les oreilles et ce petit sifflet s’atténue, une fois que le silence est revenu et que la fumée s’est dissipée, le sanglier apparaît à la bordu di l’acqua, mortu.un colpo amplifié sonne dans le ruisseau et sonne dans la vallée, suivi d’un nuage de fumée blanche, le coup de feu sonne encore dans les oreilles et ce petit sifflet s’atténue, une fois que le silence est revenu et que la fumée s’est dissipée, le sanglier apparaît à la bordu di l’acqua, mortu.
U travagliu di i ghjovani cani hà pagatu, è seranu ricumpinsati per questu, ghjunghjenu abbaiendu à u cinghiale chì, per via di i nervi, move solu a zampa di daretu ch’elli s’affrettanu à catturà è muzzicà. Avà ùn ci resta più chè di sviutata l’animali ancu in u flussu per alleggerà a carica chì Vittoriu duverà purtà à u so spinu à u paese. Una lezziò perfetta per i ghjovani cani chì anu pigliatu simpatia à u cinghiale è ancu per Victor, chì dopu avè dimustratu una volta di più a so maestria di a natura, scopre una passione nova, quella di i grossi cani !
Ripeterà ogni ghjornu, ogni weekend, l’escursioni cù i so cani, risulterà chì ancu u ghjacaru u più bastardo di u pacchettu hè in fattu un cane eccezziunale, qualunque sia a razza, ogni ghjacaru hà e so qualità è i so difetti, ch’ella sia. hè u Grand Bleu de Gascogne, u Bruno du Jura, a Porcellana o una croce di tutti questi, hà u so primu pattu di cane per a caccia à u cinghiale, ma ogni uscita ùn finisce micca sempre in a rimozione di un cinghiale, nant’à u à u cuntrariu, i cinghiali sò spessu riesciuti à scappà cù i cani nantu à i so tacchi, tandu ùn saranu micca rintracciabili per parechji ghjorni è duveranu ritruvà a so casa per sè stessu.
Ma a caccia sola cù i so cani ùn hè micca u scopu di a caccia, hè u tempu per Victor di creà una squadra di caccia cù certi membri di a famiglia è di u paese, soprattuttu chì sta caccia à u cinghiale attira à pocu à pocu, assai curiosi chì si innamurà di e bestie nere. I tavulini di i primi anni, da u 1945 à u 1970, resteranu relativamente debbuli cù circa 10 à 20 cinghiali pigliati in una stagione, ma tutti piglianu piacè à participà à i battiti, à sente i cani o simpricimenti à vede un cinghiale, a fucilazione. di un animali, successu o micca, ferma un scopu in l’attu di caccia, chì farà u ghjornu ancu più successu.
In l’anni 1980, u mo babbu s’innamora ancu di u cinghiale, quandu era soprattuttu un cacciatore di piume, s’unì à a squadra di Victor in u 1982, à l’epica cumposta da una decina di membri. hà fattu u so primu cinghiale uccisu pè a squadra di Bocognano, Victor hè un mudellu per tutti, quì hè in casa cunnosci tutti i passaggi, tutti i sconti è tutte e pusizioni, hè ciò ch’ellu duverà insignà à a so squadra, chì dopu una stagione inseme guadagnanu sperienza rapidamente. Ma in un tempu chì u cinghiale hè sempre più presente ma sempre assai discretu è suspettuosu, i cani impressionanu à tutti, anu una passione straordinaria per u cinghiale, i battelli sò tandu solu dui o trè, accumpagnati in tuttu di una decina di cani, torna u di ogni razza, pura o micca. È ancu oghje, i membri di a squadra si ricordanu di e splutazioni di certi di sti ghjacari chì sò i più boni cani ch’elli anu mai cunnisciutu, e sfruttamenti d’un « Turcu » chì falava da u fondu di u battu arrampicatu per parechje ore marcatu à u pede. di a muntagna per alzà un cinghiale di quale avia trovu una traccia 3 ore nanzu per fà infine uccisu in posta, o ancu un « Periolu » chì dopu avè trovu una banda di cinghiali, s’hè precipitatu à a caccia di unu di elli chì avia lasciò l’altri à spinghjelu cù a so cortezza di arroccatura versu i posti è chì à u fucile di u cacciatore,
Storie cusì, di sti ghjacari addicati à a caccia di u cinghiale, ci ne sarianu centinaie à cuntà, ma hè bonu di ricurdà d’elli durante a nostra longa ghjurnata di caccia d’inguernu in giru à una bona tavola è sente torna sti stori memorables chì no cunnosci à core, è salutà una volta di più u ricordu di sti cani eccezziunali chì ci anu datu tantu piacè è belli cacce è fermanu i cani più boni cù i quali anu avutu l’uccasione di caccià, ma chì per a maiò parte anu persu a vita in un ultimu faccia à faccia. l’animali di a so passioni !
Un mudellu per i ghjovani
Più tardi in l’anni 1990, e pupulazioni di cinghiali littiralmente splodevanu è i tavulini finali anu righjuntu picchi cù 40,50,60 è ancu 70 cinghiali da u 15 d’aostu à u 31 di ghjennaghju, stu forte aumentu era in gran parte dovutu à e boni cundizioni climatichi è l’adatta. staggione di piogge chì permettenu boni ghiande è a pruduzzione di parechji frutti (castagne, faggi, etc.) e sucre tandu allevanu assai più cinghiali, ma st’evuluzione di a pupulazione di cinghiali hè ancu liata à u fattu chì l’allevatori di porchi lascianu i so cinghiali. l’animali sciolti, chì portaranu à qualchì incruciatu disgraziatu.
Quandu sò ghjuntu in a squadra à fiancu à u mo babbu à l’età di 13 anni, aghju pussutu apprezzà per mè stessu l’atmosfera è e storie di i nostri anziani, sbarcandu in u mondu di a caccia, aghju avutu tuttu da amparà, ciò ch’e aghju fattu prestu in post cù i mo anziani. babbu, ma aghju ancu amparà assai da l’esperienza di un omu cum’è Victor, durante i nostri primi impegni, sò statu impressiunatu da a cunniscenza inusual è l’abitudini di questu omu, ellu vole trasmette à mè tuttu ciò chì sapi cum’è vogliu. ampara tuttu ciò ch’ellu pò sapè, à pocu à pocu, l’accumpagnu dopu à e cacce, per mustrà mi tale postu, tutti i picculi trucchi, tuttu ciò chì pò fà di mè un bonu cacciatore, dopu à tumbà u mo primu cinghiale, sò un integrale. una parte di a squadra è i cinghiali si seguitanu,i cunsiglii portanu fruttu è prugressu, finu à diventà ciò chì sò oghje, un cacciatore cunfirmatu chì cuntinueghja à amparà, ispiratu da l’omi cusì chì à ogni battitu ci dà una nova manifestazione di u so enormu registru di cunniscenze, eccu l’ultime :
Una mane di nuvembre, Victor hà vistu parechje tracce di cinghiali in una caccia, logica hè quì chì andemu. Duranti u battutu un bellu cinghiale scappa davanti à i so ghjacari per un palu più bassu chì Victor ci avia avvistu di chjappà, sta à sente i so cani è capisce subitu chì u cinghiale hè passatu !
Quand’ellu ghjunghje troppu tardi, u cinghiale hè passatu è ancu i cani ! Rebelote, u cinghiale hè ghjustu passatu è manca i cani di pochi metri, ultima chance, scende u collu versu a cità vicina, parcheghja à l’orlu di a strada è corre sin’à un postu sopra à un ruscello, dopu à 200 metri di arrampicà, ghjunghje senza fiatu, ma sente i cani, ovviamente u cinghiale ùn hè ancu passatu, è ghjustu quì chì vene, à trottu, sottu à i faggi, hè un bellu masciu ! Li lascia cullà finu à ellu da l’altra parte di u flussu è hà 15 metri, una prima fucilata poi una seconda per finisce ! U cinghiale rotula in u flussu è i cani ùn venenu mancu 2 minuti dopu. Svuota u cinghiale nant’à u locu è u riporta à u 4×4 cù i so cani, tutti à quasi 80 anni !
Facile, dapoi una settimana ch’ellu seguiva stu cinghiale, prima l’hà trovu u passaghju davanti à a caccia duv’è no eramu, cuntinueghja à seguità a pista sin’à u postu ch’ellu ci avia avvisatu di chjude, ma cum’ellu cunnosce bè a so squadra. , cuntinuò à seguità e tracce di u cinghiale in e foglie di faggio sin’à u collu fora di battutu, è cuntinueghja cusì à a cità vicina, stu cinghiale avìa l’abitudine di navigà in i dui paesi à parechji chilometri di distanza, Vittoriu ritruvò u so rotta esattamente, è avia previstu 3 posti, in casu… è quand’ellu hà intesu chì stu cinghiale scappava di noi durante a caccia di u sabbatu, sapia esattamente induve avia l’uccasione di piantàlu, cumu ùn ammirà un tali omu ?
Pudemu dì à noi stessi chì stu tipu di sfruttamentu accade assai raramente, ma micca! À ogni battitu chì facemu, u nostru caru Vittoriu hà sempre sta lucidità, sta malizia è sopratuttu sta capacità di cunnosce tutti i passaggi per taglià a scappata di un cinghiale, chì assai spessu hè un bellu solitario !
Hè un privilegiu per noi tutti, cacciatori di cinghiali, di pudè prufittà di a spirienza di sti omi, di sparte un bon pastu accantu à elli, è di notte, dopu à una bona ghjurnata di caccia d’inguernu, riunendu in u bughju da u caminu chì ci serve da a nostra sola fonte di luce, stancu, stancu, scaldatu da i braci crepitanti, un biccheri d’acquavite in manu è à sente per ore e storie di guerra o ricordi di caccia chì i nostri anziani sò felici di cuntàci.
Issi omi strasurdinarii sò sempre cunsiderati oghje cum’è i portatori è i guardiani di i valori è di e tradizioni corsi, vicinu à a natura, à a so macchia nativa, sanu fà u più chjucu prufittu ch’ella li dà. corsu di a so vita hà sappiutu tuttu, u peghju cum’è u megliu, sò eterni dilettanti di caccia, sta passione di a caccia ch’elli anu creatu da tutti i lati, è chì oghje oghji sempre pruvate à sparte cù i più ghjovani, sò rispettabili. è sopratuttu omi rispettati, sò e nostre Enciclopedie di caccia è di storia corsa !
Grazie à Guillaume per a so capacità narrativa.
Livre : « Le sursaut Corse : L’identité plutôt que l’indépendance ». Nicolas Battini.