Stopping power, distance de fuite, Tué sur place, ou « Pouvoir d’écrouler » ?

Quand on évoque le « stopping power » on est obligé de commencer par parler « d’adversaire » au sens militaire pour ensuite aborder la partie « animal en battue ». Comme l’internet et bien d’autres choses encore, la notion de « stopping power » à la chasse descend en droite ligne des guerres militaires. On ne peut pas expliquer correctement le « stopping power » à la chasse, sans passer d’abord par la balistique lésionnelle humaine.

« Stopping power » et sa mauvaise (selon moi !) traduction en Français par « Pouvoir d’arrêt ».

« Le pouvoir d’arrêt est la capacité d’une munition à mettre un adversaire hors de combat dès la première balle”. Notez que parler de mise « hors de combat » en l’espéce ne veut rien dire.

Traduction et définition du « stopping power » selon moi : « Le pouvoir de stopper » est la capacité d’une munition à STOPPER LA PROGRESSION d’un adversaire dès le premier impact provenant d’une arme à feu. »

Parce que ce problème du “Pouvoir stopper” remonte au début du siècle précédent, même si cette définition n’a été formulée que beaucoup plus tard.

Habitués et bercés que nous sommes par la télévision, le cinéma, nous ne faisons plus la différence entre les besoins d’effets spéciaux pour un film et la vraie vie.

Habitués et bercés que nous sommes par la profusion d’armes et leurs capacités à tuer ou à mettre hors de combat à des centaines de mètres, nous oublions que durant des dizaines de milliers d’années, seul le corps à corps prévalait. Tant et si bien que les premières armes automatiques furent mises au placard au titre je cite « qu’elles tuaient trop de gens rapidement » et que « ce n’était pas des armes de Gentleman ».

Le corps à corps est et restera ce qu’il y a de plus meurtrier. Alors évidemment quand les premiers fusils sont arrivés, tout le monde s’est dit « le corps à corps c’est fini » on va tuer à distance. Mais très vite il a fallu déchanter et les guerres Indiennes en Amérique tout comme celles en Inde et ailleurs en Afrique contre des combattants fanatisés et gonflés à bloc par l’alcool de chanvre, ne se déroulait pas comme les ballets bien réglés des armées Napoléoniennes ou Anglaises. « Tirez les premiers, messieurs les Anglais ! ». Les types en face chargeaient à la machette, ou au tomahawk, le corps préalablement transpercés de balles mais n’en continuaient pas moins à tout découper autour d’eux. La douleur et la peur peuvent provoquer des effets totalement opposés, la victime, pouvant ne pas ressentir la douleur de la blessure ce qui a pour conséquence de neutraliser la menace que peut représenter la dite blessure. A l’inverse, la douleur et la peur peuvent donner lieu à une réaction de colère et d’agressivité surmultipliée. Ces facteurs dépendent surtout du niveau de l’état d’esprit de la cible et des produits qu’elle a pu absorber (notamment drogues)

Durant la guerre de 14-18, les soldats Américains les plus redoutés étaient les Apaches, redoutables dans les combats au corps à corps dans les tranchées. Plus prés de nous les Argentins de la garnison de Port Stanley préférèrent se rendre que de se confronter aux redoutables GURKHAS Anglais, “la mort invisible”.

La fusillade de MIAMI en 1986 ou celle de NORTH HOLLYWOOD, obligea le FBI à reconsidérer sa position vis à vis du calibre 40 en lieu et place du 9 mm. Plus prés encore, en Irak des milliers de tomahawks indiens ont été commandés selon le principe du « crash program » et distribués à toutes les troupes d’assaut. Là aussi, la NULLITÉ de la munition de 22 Long Rifle, PARDON !!! Je devrais dire : 5.56… !!! n’y est pas étrangère. Je veux dire par là que faute de pouvoiir neutraliser un adversaire, les combats se terminent au corps à corps. Sachant qu’en face on tire du 7,62 !!! Cherchez l’erreur !!! Où l’on voit que les “conseilleurs des Écoles de guerre et autres Écoles de l’Omnipotente et Omnisciente Doctrine ne sont pas les tireurs”.

Donc très vite, face à des adversaires qui à défaut d’apprendre par cœur les lois de la guerre édictées par des officiers-Gentleman-Prussien-Européens pour d’autres officiers-Gentleman-Prussien-Européens, ne faisant aucune pitié de leur adversaire, se jetant par centaines dans des corps à corps terribles à l’arme blanche, il fallut se résoudre très vite à STOPPER leur progression ET NON PAS à les mettre simplement hors de combat.

Entre « mettre hors de combat » et « stopper une progression » il y a une ÉNORME différence.

– « Stopping power ». Je préfère parler de « stopper » plutôt que « d’arrêt ». La notion de stopper me parait moins définitive. Pour moi, être stoppé dans sa course ne veut pas forcément dire que l’on ne va pas se relever et continuer, tandis que »s’arrêter » me semble plus définitif. Autrement dit « stopper » peut donner suite à une « distance de fuite X » après s’être relevé, mais « arrêt » me semble plus définitif et mieux correspondre à la définition de « tué sur place ». Je parle ici des animaux en battue.

– « Mettre hors de combat » dans notre notion moderne de l’utilisation des armes à feu, c’est « neutraliser » un individu soit en le blessant, soit en le tuant, en tout cas en lui faisant opter pour la solution, comme c’est souvent dans nos conflits modernes et « civilisés » à ne plus rechercher le combat, mais plutôt sa propre survie. Sachant également qu’un blessé occupe 3 valides. Le GIGN s’entraine notamment au tir à l’épaule pour mettre hors de combat sans tuer. C’est la règle chez eux. Le problème c’est quand cette règle devient un précepte absolu et qu’elle finit par bloquer la porte à “l’autre solution“. On l’a malheureusement vu récemment dans l’affaire de GENSAC. Le capitaine BARRIL dans ses mémoires a parfaitement décrit un comportement semblable à celui de GENSAC et l’a parfaitement interprétée. Ce que les Américains ont définis depuis longtemps sous le vocable « suicide by cops ».

Donc ce problème de « stopping power » a commencé à poser de sérieux problèmes aux combattants de base (Définition du combattant de base : Celui qui se tape le “dirty trick) sur le terrain, qui réclame et obtient (!!!) en “crash program” des TOMAHAWKS Indiens quand d’autres voudraient lui imposer une caméra FELIN) au début de l’autre siècle, d’autant plus que venait d’entrer en vigueur les lois de la guerre interdisant d’infliger à l’ennemie des blessures inutiles ou des sur-blessures. La Déclaration de Saint Petersbourg :“Il est interdit d’utiliser des projectiles ou des matières propres à causer des souffrances superflues ou à aggraver les blessures”.» venait d’entrer en vigueur et donc l’utilisation des balles blindées étaient obligatoires. Le problème c’est que ces lois étaient plutôt conçues pour protéger les Européens avant tout. Mais l’indigène de base ne se posait pas autant de questions !

C’est lors d’une insurrection au Pakistan dans le district de CHITRAL que les faiblesses des balles blindées sont apparues. Les premiers à mettre en œuvre une solution qui prenait le contrepied des lois de la guerre furent les Anglais de la petite garnison de DUM-DUM, un quartier de Calcutta. C’est le capitaine CLAY de l’arsenal de Dum Dum qui a eu l’idée de créer la première version, qui comportait juste un méplat au sommet de l’ogive, la balle était donc tronquée. Il y a eu ensuite une deuxième version plus définitive, à pointe creuse. Son appellation actuelle est “Hollow point”. Les balles “dum dum” ont été interdites par les conventions internationales, mais les belges en ont utilisés en 1914 contre les Allemands, une lettre du Kaiser dénonçant “ces pratiques barbares” mit un terme à son usage. Durant la guerre de 14/18 les français sectionnaient l’extrémité des balles des LEBEL d’un coup de couteau sec, créant un méplat qui lui entrainait la bascule du projectile, puisque la balle lebel était monométallique donc homogène. Dans les tranchées pour le corps à corps certains montaient même les balles à l’envers dans les douilles, selon les cas ça volait à peu près droit ou en tournoyant, mais à courte distance c’était redoutable. Dans d’autres conflits plus récents, il y avait des chargeurs pour le combat et des chargeurs pour les inspections…. Actuellement les RUSSES et leurs balles de 7.62 contournent habilement les conventions internationales, en déplaçant le centre de gravité de leur projectile vers l’arrière.

Donc s’agissant d’un projectile monométallique, blindé (FMJ = Full Metal Jacquet) celle-ci bascule à l’impact, entrainant des blessures bien plus importantes.

Donc confrontés à des indigènes qui chargeaient à la machette et qui même le corps criblé de balles continuaient à progresser pour finir derrière les positions Anglaises et donc provoquant ce que les Anglais cherchaient à fuir absolument : le corps à corps. Ils eurent donc l’idée de tronquer l’extrémité des balles afin que celles-ci au lieu de se comporter comme une aiguille, se désagrège à l’impact, multiplie les dégâts et surtout endigue la progression de l’adversaire en provoquant son écroulement. La létalité du projectile était démultipliée. L’effet recherché n’était donc pas de “mettre hors de combat” seul la mort provoque l’arrêt du combat, on l’a semble t’il oublié !! Mais l’effet recherché : empêcher la poursuite de la progression de l’individu avec son arme blanche, lui était bien réel.

Selon la terminologie officielle : Le pouvoir d’arrêt est une notion statistique exprimant une probabilité de neutralisation immédiate, instantanée. J’ajouterai que le grand public est passé un peu trop vite de la notion de “neutralisation immédiate” à celle de “mort immédiate”. Ceci dû bien sûr au cinéma.

Donc replacer dans le contexte de l’époque qui vit la naissance de cette problématique: “stopping power” et en la conservant dans le respect de son temps, on comprend pourquoi je marque ma préférence pour “écrouler” au lieu “d’arrêter”. La seule manière pour arrêter une personne nette, est de frapper le système nerveux central (cerveau et/ou moelle épinière). Selon l’emplacement de l’impact il y a une plus ou moins grande instantanéité. Vous avez bien lu : tout dépend donc de la notion “d’instantanéité”. !!!

Autrement dit, l’instantanéité pour moi, cela peut être : mourir sur place là ou l’on tombe et pour quelqu’un d’autre cela peut être dix mètres plus loin, emporté par l’élan. Dans les deux cas nous dirons que l’animal est mort sur place, et puis en plus ça fait mieux !!!!! Effectivement chez tout être vivant comme sur l’humain il existe un point précis pas plus gros qu’un ongle ou le placement d’une balle coupe tous les circuits électriques du corps, aucune contraction ne peut plus se produire, pas même le doigt sur une détente en « simple action ». En dehors de cette zone il y a une partie plus vaste ou la « coupure électrique » se fait aussi très rapidement mais avec des contractions.

Le plus important est la localisation de l’impact. Partant de là, le second paramètre est la profondeur de pénétration, afin de pouvoir “toucher-continuer” (pas toucher et s’arrêter !) un organe profond. Si la munition traverse la personne visée (”surpénétration”), elle n’aura pas délivrée toute son énergie à la cible et donc ne provoquera que des dégâts limités. Par ailleurs, elle risque de blesser quelqu’un d’autre. La capacité d’une munition à dissiper son énergie dans les tissus est liée à sa forme, à sa masse et SURTOUT à la structure de la munition.

“le facteur le plus important est la localisation de l’impact”. Pour nous chasseur en battue, le problème est un peu différent, sachant que l’on tire souvent au coup de bras et que l’on place la balle là où on peut. Mais cela doit obligatoirement induire chez le chasseur, que le tir à la tête, sous l’oreille, doit suivre immédiatement après et sans attendre !! Car notre objectif c’est de ne pas perdre un animal, qu’il ne s’emporte pas la balle comme on dit. Pour envoyer un animal à terre, la balle doit garder tout son poids (noyau soudé à la chemise) et ne pas le traverser comme une épingle. Le temps mis par l’animal à se relever doit être mis à profit pour redoubler A LA TÈTE, DANS OU SOUS L’OREILLE.

“le second paramètre est la profondeur de pénétration”. “toucher-continuer”. La profondeur de pénétration va de pair avec l’homogénéité de la balle. Donc sa NON-FRAGMENTATION !!

 “La capacité d’une munition à dissiper son énergie dans les tissus est liée à sa forme, à sa masse et SURTOUT à la structure de la munition : à vitesse égale, plus une munition est lourde plus elle progresse profondément.”

Il faut tirer des balles lourdes, notamment pour démagnumiser les tirs des magnums. Par “structure” il faut comprendre : “capacité de la balle à se déformer selon UN PROCESSUS CONTRÔLÉ“. Exemple : la FIP SAUVESTRE, technologiquement très, très évoluée. Mais pour SAUVESTRE, il faut ajouter qu’il encartouche lui même ses balles, il contrôle donc toute la chaine de fabrication. Par rapport à d’autres qui se contente de fournir le projectile. Raison pour laquelle certains projectiles semblent très bien se comporter et d’autres du même fabricant, mal encartouchés provoquent des tirs erratiques.

Je relève dans un forum de chasse, cette citation qui résume absolument tout : “…..Sur nos moyens gibiers européens, beaucoup de calibres et projectiles donnent satisfaction. Très peu, peut-être même aucun, entre 6,5 et 9,3 mm ne peut constituer une erreur rédhibitoire. C’est ce qui complique la compréhension de la balistique terminale de nos projectiles et conduit chacun d’entre nous à considérer qu’il dispose du meilleur calibre”.
J’ajouterai qu’un excellent tireur (capable de tirer à la tête le plus souvent possible) peut “tout tirer” au 7×64, alors qu’un tireur moyen devrait rester entre le 8 et le 9 mm. Le 9 étant l’idéal. Par “tout tirer,” je précise quand même que si j’ai tué une demi-douzaine de cerfs, c’était d’une balle de  7×64 dans le cou ou dans la tête, ailleurs je m’abstiens ! Si ce n’était pas une question financière je serai passé depuis longtemps au 9.3×62.

Tué sur place et ou à moins de 10 mètres. Au sens où l’on devrait l’entendre, l’animal est quasiment resté clouer sur place. Je ne vois pas comment en battue et sauf cas exceptionnel on peut arriver à ce résultat. A part une fois où j’ai tiré un sanglier à la course, d’une balle sous l’oreille (à une centaine de mètres (!!) homologué par plusieurs témoins)  je ne vois pas comment une atteinte au thorax, pour 90 % de ces tirs (rapport ANCGG : 9.36×62) pourraient ils clouer un animal sur place, voire s’écrouler mort à moins de 10 mètres. Et même aller… ! soyons large !! 20 mètres après avoir été atteint.

Distance de fuite“. La distance de fuite se définie comme la distance que parcours un animal après une première atteinte. En règle générale, la distance de fuite « efficace » s’évalue entre 0 et 10 mètres. Du moins dans les services marketing !!

Les notions de : “Distance de fuite” et autre “Tué “sur place” (notez que sur place est entre guillemets) ces notions ont ceci de pervers c’est qu’elles associent l’écroulement de l’animal à “la mort subite”. Il faut donc arriver à corriger ce PROCESSUS MENTAL chez le chasseur, qui associe l’écroulement, à la mort subite de l’animal, qui n’est en fait que groggy ! Corriger ce processus mental pour que le chasseur ne pense plus “joli coup ! il est mort !” MAIS “joli coup ! Je vais doubler à la tête, SOUS L’OREILLE, tant qu’il est groggy !”. A défaut de la tête au moins, le cou d’abord, le coeur, en toute dernière extrémité et si vraiment on ne voit que ça.

Ma définition : “Pouvoir d’écrouler“. Le pouvoir d’écrouler est la capacité d’un projectile à provoquer un écroulement même temporaire de l’animal. Temps qui doit être mis à profit par le chasseur pour redoubler d’une balle à la tête.

Donc je milite pour l’abandon de ces notions de : “distance de fuite” ou “tué sur place” pour la remplacer par “pouvoir d’écrouler”.

Quand je lis sur le site de la très honorable ANCGG : “Entre 10 et 20 % des animaux tirés sont blessés et ne sont pas recherchés ou le sont mal.” Euh……!!!!!!!! On ne doit pas chasser sur la même planète !! Moi je prétends et aucun chasseur ne me contredira que l’on perd en cervidés notamment, au moins trois bêtes pour une baguée. Pour les sangliers on en blesse au moins un pour…. un nombre incalculable de ratés-blessés !!! Quand à la recherche au sang…..!!!! On est carrément pas dans la même galaxie ! Soyons bien d’accord ! c’est quelque chose que je regrette profondément. Il n’en demeure pas moins que tant qu’il ny’aura pas un réel effort pour APPRENDRE aux chasseurs à tirer, ce qui pourtant semble être un minimum, cet état de fait perdurera. Peut-on concevoir de délivrer un permis de conduire à un individu dont on ne saurait pas s’il est capable de tenir son véhicule ?? Voir mon article “propositions insolentes pour réformer la chasse” où je préconise l’ouverture par les Fédés de deux stands de tir dans les départements les plus touchés par les dégats aux sangliers. Comment les financer me demandez vous ? Très simple ! En augmentant la qualité des tireurs donc en augmentant la mortalité des sangliers, donc en diminuant de-facto la facture des indemnisations. Ce n’est pas les sangliers qui prolifèrent mais les mauvais tireurs et les mauvaises balles !

Voici ce que je propose dans le sujet “propositions insolentes pour réformer la chasse” : Création comme pour les skieurs ou les pratiquants d’arts martiaux de degrés de qualification au tir du sanglier courant. Pourquoi ? Pour créer une certaine émulation entre les chasseurs et les faire passer un peu plus souvent par le stand. Chaque degré serait évidemment marqué par des difficultés supplémentaires telles que rapidité, précision, etc…

On pourrait commencer par des degrés du type :

Marcassin

Bête rousse

Suscofra

etc, etc…

L’ANCGG propose un système un peu équivalent mais insuffisamment développé et trop

orienté “gestion de la chasse”. Moi je préconise une série de degrés de qualification au tir et parallèlement à cela une série de degrés orientés “gestion chasse”. Les deux pouvant se rejoindre au sommet par l’obtention d’un “super brevet”.L’ANCGG a analysé environ 10.000 rapports de tir et publie une brochure sur l’efficacité des munitions.

Je connais bien les chasseurs et leurs notions de distance qui n’est pas sans rappeler la sardine qui boucha le port de Marseille. Or ce rapport, se base sur les déclarations des chasseurs, sans contrôles !!

Dans ces rapports établis par les chasseurs eux mêmes, la plupart des chiffres posent problèmes. Soyons clair ! Je ne remets pas en cause l’ANCGG qui a fait et continue de faire un travail remarquable, je conteste un tableau de chiffres, nuance !

  Analyse du rapport de l’ANCGG

 Le rapport de l’ANCGG publié en 1998 et portant sur 21995 rapports de tir, soulève un certain nombre d’interrogations.

 Ces rapports de tir quantifient entre autres, le pourcentage d’animaux « mort sur place » ou « à moins de 10 mètres ». Si on analyse ce rapport de l’ANCGG on constate des contradictions troublantes :

Calibre 9.3×62, en battue (page 11) = 90% des cerfs sont morts sur place et à moins de 10 mètres, contre 64.10% à l’approche.

Calibre 9.3×74, en battue = 33.16% des cerfs sont morts sur place et à moins de 10 mètres contre 36.66 % à l’approche.

9.3×62 et 9.3×74 étant des calibres quasiment identiques comment en arrive t’on à moins de 10 mètres à être plus efficace en battue qu’à l’approche?

Calibre 9.3×62, en battue = 88.65% des sangliers sont morts sur place et à moins de 10 mètres contre 86.04 % en individuel.

Calibre 9.3×74, en battue = 56.83% des sangliers sont morts sur place et à moins de 10 mètres contre 20 % (!) en individuel.

Le 9.3×62 est le même calibre en carabine que le 9.3×74 en express. Comment expliquer que le 9.3×62 a un taux de réussite sur le cerf de 90 % en battue, par rapport au 9.3×74 qui n’a que 33 % de réussite. Pour un même calibre il y a comme un problème. 90 % de réussite pour le cerf en battue, cela veut dire qu’on ne se blesse quasiment aucun animal !!! On croit rêver !!!

– Toujours pour le 9.3×62 et le cerf en individuel, donc à l’approche, le taux de mortalité sur place est de 64 %. Alors que le tir à l’approche est beaucoup plus facile, l’animal n’ayant pas l’influx nerveux qu’il a quand il est lancé. Dans le même calibre, toujours à l’approche, le 9.3×74 stagne à 36 %. Soit les tireurs à la carabine et à l’approche sont très moyen, soit les tireurs possédant un express sont vraiment très mauvais !

J’ai bien une autre explication mais elle a été en son temps censuré (n’est ce pas…?!) : « Les possesseurs d’express de part leur condition sociale présumées (à l’époque du rapport) sont certainement plus humble que les possesseurs de carabine…! »

Toujours selon ce tableau : “L’EFFICACITE MOYENNE en %” du 9.3×62 sur un cerf (tué sur place et/ou à moins de 10 mètres) serait de: 83.87 %. Le 9.3×74 serait à 42.12%.

Page 11 : L’efficacité cumulé sur : cerf, sanglier, chevreuil, en zone d’atteinte 5 et 6 est de : 83.87 % en 9,3×62 et moitié moins en 9,3×74 soit : 42.12 %.

On constate donc que les animaux tués en battue et « mort sur place » ou « à moins de 10 mètres » sont plus nombreux (66,19 %) que les animaux tirés en chasse individuelle (61,70 %). Or on sait très bien qu’un gibier soumis au stress intense de la battue est beaucoup plus résistant qu’au repos.

Le rapport conclu (page 17) que : « Dans plus de 61 % des cas l’animal touché dans le coffre meurt sur place ou à moins de 10 mètres ».

A rapprocher de la déclaration (Courrier des lecteurs « Plaisirs de la chasse ». Octobre 2009) : de l’expert en balistique Joël SERRE : -En battue- « Il faut une moyenne de 6 tirs pour une atteinte aléatoire ».

40.66% des cerfs sont « morts sur place » et 51.98% « à moins de 10 mètres », sachant que le calibre 7 mm représente plus de 50% des tirs, cela me parait là aussi très discutable. Le 7 mm est bien trop léger pour avoir une quelconque efficacité en dehors de la ZI²HL telle qu’elle est définie. En battue, pour tuer « sur place » et/ou « à moins de 10 mètres », un cerf « lancé », il faut placer une balle de colonne au cou ou dans le système nerveux central. Un tir même bien placé au niveau du cœur ou des poumons et c’est la fuite assurée, même à l’affût !

C’est en décembre 2007 après avoir vu un cerf à l’arrêt prendre une balle de 7 Rem en plein cœur, faire un tour sur lui-même et disparaître dans la montagne sans aucune trace de sang, que j’ai décidé de partir en guerre contre tous ces calibres inadaptés. Je le chasse maintenant depuis 11 ans, je connais bien sa remarquable capacité à encaisser (sans broncher !) dans toute la zone du coffre, bon nombre de calibres, notamment les 300 pourvus de balles beaucoup trop légère : moins de 14 grammes.

Ne parlons pas des 270 totalement inadaptés sauf à être capable de placer sa balle systématiquement dans la ZI²HL et sous réserve que le projectile soit homogène ou monolithique. Citation de Joël SERRE : « D’après l’étude que je mène depuis plus de 20 ans, l’efficacité de ce type de tir (NDR : Balle de colonne au cou) n’est plus à démontrer, car il produit une efficience quasi instantanée supérieure à 97% contre à peine 40% pour les balles de coffre (tous organes internes confondus) ».

La « ZI²HL » pour « Zone Incapacitante instantanée Haute Létalité » se défini comme une nouvelle approche du pouvoir d’arrêt ou du pouvoir d’écrouler. Il existe deux zones qui répondent à ces critères : la colonne de cou et le cerveau. Les arguments qui opposent les détracteurs de ce tir, à ceux qui privilégient le coffre, c’est de dire que c’est un « tir élitiste » autrement dit : réservé aux bons tireurs. Il est amusant de constater que c’est le même procès d’intention qui fut fait en son temps aux tenants de la chevrotine.

Vouloir imposer la balle était aussi en ce temps-là qualifié « d’élitiste » par les tenants du tir à plomb. Comme il fut fait en son temps et grâce au travail de l’ANCGG pour dire qu’il n’est pas éthique de tirer la chevrotine, nous nous devons de valoriser le tir dans la « ZI²HL » qui est plus efficace et plus valorisant qu’une balle de coffre.

La VULKAN de NORMA est crédité de 69.74 % pour une mort sur place ou à moins de 10 mètres. Alors même que c’est une balle hautement fragmentable que je réserverai plutôt à un tir à l’approche, précisément pour ses vertus de polycriblage. Une bonne balle de battue est un projectile lent, lourd et monolithique ou homogène comme l’ORYX de NORMA.

Toujours « mort sur place » ou « à moins de 10 mètres », comment expliquer qu’il n’y est que 5% de différence en efficacité dans le 300 Win mag entre les 9,7 gr, trop légères comparées aux 14,2 grammes, beaucoup plus pénétrante ?

Page 6 du rapport au sujet des munitions utilisées : « Les extrêmes : le 375 HH n’est pas vraiment conçu pour le tir du grand gibier Français ». Or, on s’accorde aujourd’hui pour reconnaitre que le 375 HH est parfaitement adapté à la chasse en battue. JP MENU dans livre « Maitriser le tir à balles » écrit : « Ce calibre Européen est plus vivant que jamais. Je vois autour de moi nombre de mes amis passer à la 375 pour tout : la battue, l’approche du cerf et du sanglier, la monteria ».

En conclusion : Cette analyse portant sur 21995 rapports de tirs et se basant uniquement sur des déclarations individuelles de chasseurs, sans qu’aucun contrôle n’est était exercé au préalable, ne pouvait pas donner de résultats fiables. L’idée sous-jacente du rapport était claire : page 17 : « échapper au livresque pour partir du concret, sans aucune idée préconçue, et de voir ce qui ressortirait de l’analyse des réalités de la chasse ». C’était compter sans le formidable ego de l’humain en général et des chasseurs en particulier.

Je plaide pour un changement de comportement. Au repas annuel de la chasse, un chasseur me racontait que le dernier jour “il avait eu les yeux plus gros que le ventre”. Il avait tiré et culbuté un sanglier et pensant “ÉVIDEMMENT !! IL EST MORT !” il court pour couper la route au second sanglier, il le tire, le rate et reviens pour chercher le premier sanglier “mort” et en fait de mort, il n’y avait plus de sanglier ! Mais ce sanglier blessé mortellement ira mourir dans la forêt et ne sera pas intégré dans les statistiques. Alors que s’il avait doublé immédiatement à la tête, il lui restait le même temps pour couper l’autre sanglier.

Ce changement de comportement ne pourra atteindre le chasseur de la base, celui qui n’a pas accès à l’internet que si les Fédérations font redescendre les informations plus régulièrement qu’en éditant un petit livret vert une fois par an.

Ne faut il pas s’étonner qu’une Fédération comptant des millions de membres, n’ai même pas collectée les mails de ses adhérents et/ou ne puissent même pas diffusée ne serait ce qu’une fois par trimestre, “une feuille de choux”… ??? C’est l’argent qui manque ??

  DEUXIÈME ARTICLE SUR LE POUVOIR D’ÉCROULER.

Selon la terminologie officielle : « Le pouvoir d’arrêt est une notion statistique exprimant une probabilité de neutralisation immédiate, instantanée. » J’ajouterai que le grand public est passé un peu trop vite de la notion de “neutralisation immédiate” à celle de “mort immédiate”. Effet pervers dû aux effets spéciaux, nécessaire au cinéma. Quesque « la distance de fuite efficace » ? C’est une notion commerciale (!) qui voudrais déterminer la distance parcouru par l’animal depuis l’impact jusqu’à la mort. Perverse, parce qu’elle ouvre la porte à tous les fantasmes, celui notamment de « mort sur place » ou « à moins de 10 mètres ». La balle qui tue « sur place » ou « à moins de 10 mètres » n’existe pas ! Parler de rapports de tirs où 90 % des atteintes au thorax par du 9.3×62 en battue (!) provoque « une mort sur place et/ou à moins de dix mètres » pose un problème de crédibilité. D’autant plus que ce chiffre tombe à 33% pour le 9.3×74 qui est stricto-sensu le même calibre que le 9.3×62. Les possesseurs d’express seraient ils plus humble que les possesseurs de carabine… ? Seul un tir atteignant le système nerveux, la colonne vertébrale, donc assez rare, peut entrainer une mort dans les dix mètres suivant l’impact. Chez tout animal il existe plusieurs un point précis difficile à viser en battue, où le placement d’une balle coupe tous les circuits musculaire du corps, aucune contraction ne peut plus se produire. En dehors de cette zone il y a une partie plus vaste où l’impact d’une balle produira la mort de quelques dizaines de mètres à plusieurs centaines. La mort sur place, à moins de dix mètres, sans que l’animal se relève ne peut résulter que d’un tir à la tête sous l’oreille, la colonne du cou, la colonne vertébrale. Certainement pas au cœur, ni au thorax contrairement à ce que l’on croit. Quand bien même l’animal s’écroule sur place, nous nous devons de redoubler immédiatement pour abréger ses souffrances. Un exemple vécu il y a une semaine. Le sanglier de 67 kg sort du maïs, lancé comme une fusée, le chasseur tire, le sanglier s’écroule à l’endroit même où il est touché. Une balle de coffre, loin du cœur, qui entre et sort. L’animal meurt sans aucune contraction ! Une énigme pour moi ! Là on peut vraiment parler de mort sur place. Quand on l’à vidé on s’est aperçut que la balle s’était fragmenté en deux morceaux dont l’un était remonté à 90° degrés, sectionnant la colonne vertébrale. L’animal n’est donc pas « mort sur place » ! Il est successivement passé d’un un coma profond suite au sectionnement de la colonne vertébrale puis décédé. A la question pourquoi ne pas avoir redoublé à la tête, la réponse classique « pourquoi faire ? Puisqu’il était mort ? ». Non il n’était pas mort ! Si la balle avait effleuré l’apophyse, il se serait réveillé, pour aller mourir dans un roncier. Si par une chance extraordinaire un fragment n’était pas remonté, l’animal était perdu.

Pour un sanglier mort, on en perd au moins trois ! Il faut corriger ce processus mental, qui associe l’écroulement de l’animal, à la mort subite, qui n’est en fait que KO ! Pour que le chasseur ne pense plus “joli coup ! il est mort !” Mais “joli coup ! Je vais doubler à la tête, sous l’oreille, ou à  la colonne de cou tant qu’il est groggy !”. Un chasseur me racontait dernièrement “J’ai  eu les yeux plus gros que le ventre”. « J’ai tiré et culbuté un sanglier, étendu raide-mort. Pensant : “évidemment ! il est mort ! Je cours pour couper la route au second sanglier, je le tire, le rate et reviens pour chercher le premier sanglier “mort” et en fait de mort, il n’y avait plus de sanglier ! » Ce sanglier blessé mortellement ira mourir dans la forêt. S’il l’avait doublé immédiatement à la tête, il lui restait assez de temps pour « couper » l’autre sanglier.

“Pouvoir d’écrouler“. Le pouvoir d’écrouler est la capacité d’un projectile à provoquer un écroulement même temporaire de l’animal. Temps qui doit être mis à profit par le chasseur pour doubler d’une deuxième balle, dans la colonne au cou ou sous l’oreille. Il faut tirer les balles les plus lourdes disponibles dans votre calibre. Notre objectif c’est de ne pas perdre un animal, qu’il ne « s’emporte pas la balle » comme on dit chez nous. Pour écrouler un animal la balle doit être lente, lourde et possédée un noyau soudée. Dans l’idéal elle comporte une pointe creuse acérée.

Maintenant que vous avez lu cet article, il faut que vous lisiez absolument celui-ci, ce n’est seulement aprés que vous aurez « tout compris ». ZI²HL « Zone Incapacitante Instantané Haute létalité ».

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