Tenir correctement sa carabine. Pourquoi faut-il privilégier les crosses à forte pente !

Tenir correctement sa carabine.

On ne tient pas une arme au ball-trap comme on la tient à la chasse. On ne tient pas une arme équipée d’une optique comme on tient une arme équipée d’une hausse et d’un guidon.

Faute d’une « école du tir de chasse », la quasi-totalité des chasseurs reprennent les gestes du ball-trap et ce quelque soit les accessoires utilisés.

Les différences avec le ball-trap sont nombreuses : la masse projetée mesure 1m² à comparé aux quelques millimètres de section d’une balle, absence de lunette, la vitesse d’une balle est trois fois supérieure à celle du plomb.

Lors d’un tir « à plomb » que le centre de la gerbe soit peu ou pas dans l’axe de la cible ne change pas grand-chose au niveau du résultat. Pour le tir à balle, même 3 cm à coté, c’est à coté… !

Le fait d’installer une lunette influe énormément sur la façon de tenir efficacement une arme.

Combien de chasseurs achètent t’ils une lunette ou un point rouge pour l’ôter : « je l’ai l’enlevé je n’arrive pas à tirer avec ». On entend aussi : « avec une lunette on ne peut pas tirer au coup de bras ». C’est faux ! bien au contraire, il est plus facile de tirer au coup-de-bras avec une lunette qu’avec une hausse-guidon. A condition de respecter plusieurs règles.

L’association d’une optique basse et d’une crosse rectiligne est une calamité en matière de tir de chasse en battue. Vous n’arrivez pas à tirer avec une lunette parce que votre tête occupe une position qui n’est pas naturelle : couchée sur la crosse comme si vous deviez aligner le guidon et la hausse. De fait vous n’arrivez pas à  placer votre regard au centre de l’optique.

Et si vous vous teniez la tête droite ? Ah oui… ! Mais l’association d’un montage bas et d’une absence de pente au niveau de la crosse fait que vous vous retrouvez à regarder par-dessus la lunette. !

Vous devez acheter une nouvelle arme ? Les Allemands, ont mis au point il y a bien longtemps des crosses dites « à dos de cochon » qui sont idéalement adapté au tir « rapide » de la chasse en battue. Je dis « certaines » parce qu’elles ne le sont pas toutes. Certains fabricants plus frileux que d’autres hésitent à accentuer la pente. Choisissez une crosse dont le sommet passe très en dessous de l’axe du canon. Le dos de cochon permet d’élever la vision pour que l’œil soit dans l’axe de la lunette. Le busc est inutile et disgracieux. Je note que la « vieille » WINCHESTER 1895 qui a écumée la conquête de l’Ouest,  possède une pente très importante, ce qui facilite le tir tête droite.

Notez la position extrêmement basse de la plaque de couche par rapport à l’axe du canon. « Le trou de pouce » c’est le top du top en matière de prise en main.

Blaser R93.

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Vous possédez une crosse rectiligne, vous allez rattraper la hauteur en épaulant très haut sur l’épaule, de fait vous placerez le bec inférieur de la crosse au sommet de l’épaule. Si votre carabine est légère, moins de 3 kg, et donc sensible au recul, placez une cartouchière de crosse avec 5 balles pour absorber le recul.

Je le pratique avec du 7×64, ne faites pas cela avec du 375 HH…!006---Copie.JPG

S’il vous reste un doute, jetez un coup d’œil sur cette carabine MARLIN 1894 :

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Et je ne vous parle même pas de cette REMINGTON :

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Objectivement, croyez-vous qu’il soit nécessaire de se coucher sur la crosse pour viser ou suffit-il de rester la tête naturellement droite pour que les organes de visée s’alignent tout seul ? A condition toutefois que la crosse le permette, sinon il faut épauler le bec de crosse inférieur au sommet de l’épaule.

Mais cela ne reste possible que sur des armes de calibre 7mm en gros et d’un poids minimum de plus de trois kg.

Mesurez l’angle qu’il y a entre l’axe de visée et le bec supérieur de la crosse ! Sans commentaires !

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Vu sur internet cette antiquité Française: « LE TULLE » preuve que depuis fort longtemps on s’était déjà penché sur ce problème.

Plus l’angle est important, plus la visée peut se faire tête droite. Plus l’angle est fermé, plus il faut se coucher sur l’arme.

Je prétends que se coucher sur l’arme n’est pas naturel !

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Un autre exemple de crosse décentrée par rapport à l’axe du canon et de la visée :

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Photo www.glock.forumpro

Mise à jour du 25 Juin 2013 : Voici trois images extraites d’une vidéo qui parlent d’elles mêmes :

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epauler-au-sommet-de-l-epaule-2.jpgepauler-au-sommet-de-l-epaule-3.jpgLa vidéo complète :

Une arme légère, n’apporte rien au tireur, au contraire ! Le recul provoque une appréhension qui lui-même induit un énorme coup de doigt.

La position du tireur au ball-trap, exagérément penché vers l’avant n’est pas bonne si vous utilisez une optique. En courbant son corps vers l’avant, le tireur facilite la prise de visée pour un tir avec hausse/guidon uniquement. Pour bien utiliser une optique, le corps et la tête doivent rester droit.

Idéalement il faudrait que votre regard se positionne instinctivement au centre de la lunette. Pour ce faire nous allons rajouter la technique dite de la « crosse-menton ». Actuellement, votre geste c’est d’épauler en montant l’arme vers l’avant, en calant bien toute la crosse au creux de l’épaule puis « ma joue est couchée sur la crosse, je cherche le réticule, je tire ». Vous allez remplacer cela par une technique dite : « crosse-menton ».

Tenez fermement votre arme sans être crispé, le bras gauche bien en avant sur le fut de l’arme pour maitriser « le fouet » de l’arme. Les conséquences du recul ne se font sentir que bien après la sortie de la balle du canon. Il faut faire un avec l’arme. L’arme immobile est une utopie, le corps bouge, l’arme bouge, l’animal bouge (!) mais le tireur gère tout cela pendant qu’il exerce la pression sur la détente. Le coup part sans s’en rendre compte lorsque les instruments de visée sont alignés. Le départ du coup doit vous surprendre.

Au stade supérieur il y a une forme de dédoublement : celui qui vise et analyse la situation, « l’autre » qui autorise le lâcher de la balle. Anecdote : il m’est arrivé de suivre dans la lunette un sanglier qui dévalait une pente et « d’entendre » une voix qui disait : « c’est pas possible, pas possible ! Ça va trop vite ! » Puis le coup part « sans s’en rendre compte » et l’animal s’écroule.

Votre arme est pré-épaulée (bec inférieur de la crosse au sommet de l’épaule) canon à 45° vers le bas, quand l’animal est visible et identifié, relever simplement le canon pour porter la lunette à la hauteur des yeux, la tête reste naturellement droite, le menton très légèrement incliné, ce dernier est « heurté » dans son côté droit par le sommet de la crosse. Le défaut classique avec une lunette c’est de chercher l’animal à travers le tube (effet tunnel). Quand vous voyez l’animal avec vos yeux, ne le quittez pas du regard, puis faites monter le canon de votre arme de telle façon que le centre de la lunette vienne s’intercaler naturellement dans votre champ de vision. Selon la pente et le montage utilisé cherchez votre propre point d’appui sur l’épaule jusqu’à que tout soit aligné. Répétez la mémorisation du geste « crosse-menton », les yeux fermés. Une fois les yeux ouverts, vous devez être parfaitement au centre de l’optique.

Une fois le mouvement mémorisé, sur une cible à l’arrêt, recommencez le mouvement en visant un point sur la masse de l’animal puis par un deuxième coup de bras, « jetez »votre réticule sur la colonne au cou, lâchez la balle ou pressez la détente en tir à sec. Ressentez mentalement toute la séquence de tir. Effectuez ce mouvement le plus lentement possible, vous serez surpris de la vitesse avec laquelle vous l’exécuterez en action de chasse. Répétez-le au poste vers « les passages ». Cette technique doit être associée à un grossissement permanent de 2, surtout pour les tirs compris entre 0 et 30 mètres. ». Ne faites pas « la mise au point » sur le réticule, si le point visé est au centre de la lunette, il est forcément au centre du réticule. Le grossissement vous évite de recaler le réticule sur l’animal.

Plus votre « temps de réaction » sera court plus votre « temps d’exécution » sera long. D’où la nécessité d’être toujours prêt. Souvenez-vous : Ne fixer pas un point particulier, laissez le regard flotter, « transpercez » les feuillages, les branches, allez aussi loin que possible. « Voir avant d’être vu », identifier avant de prendre la visée et non pas en même temps que vous visez.

La différence entre un tireur expérimenté et un débutant tient essentiellement dans la coordination des gestes. Cette transformation de postures en une suite de réflexes neuro-musculaire se nomme : « jouer la musique » chez les pilotes de la « Patrouille de France ». Il s’agit pour ces derniers assis sur une chaise, de fermer les yeux et sous les ordres du « leader » de répéter toute les séquences de voltige, en recréant par le geste de la main, la tenue d’un « manche » virtuel tout en balançant son corps. Ceci se fait lentement comme dans le TAI-CHI, ce dernier n’étant que la reproduction ralentie au maximum d’un combat virtuel.

Plus votre rituel TAI-CHI sera lent, plus vous le répéterez en gestes et dans la tête, plus votre geste sera rapide, foudroyant, en action de chasse.

Une nouvelle façon de tenir son arme !

Je suis abonné comme vous devez vous en douter à pas mal de chaines vidéo sur le tir et toutes ses déclinaisons.

Dernièrement, en visionnant une vidéo de parcours de tir au fusil d’assaut par un champion du monde de la discipline, j’ai tout de suite remarqué la position particulière de la main gauche, « la main faible ».

Normalement les doigts de la main qui tiennent l’arme par le fût sont disposés comme pour soupeser l’arme. Le pouce est à l’extérieur gauche du fût, l’index souvent sous l’arme.

Sur cette vidéo (que je m’efforce de retrouver) si le pouce reste toujours à gauche du fût, l’index lui est positionné tout le long du fût toujours à gauche et sur le côté, il pointe vers le bout du canon, semblant désigné la cible.

Je précise un peu plus : Lorsque vous simulez avec les doigts de la main droite un pistolet, vous levez le pouce et vous tendez l’index. Cela donne ceci : |___  Là c’est pareil, c’est le même geste mais effectué par la main gauche.

Sur le plan neuro-musculaire (la mémoire des -bons- gestes et des muscles) c’est très important car ce faisant vous désignez mentalement et physiquement la cible à votre cerveau. Vous aidez l’acquisition de la cible par vos yeux et vos sens parce que vous la désignez physiquement à votre cerveau.

Ayez toujours présent à l’esprit que dans toutes les formes de tir y compris ses dérivés comme le tennis, le ping-pong, etc : c’est la volonté, votre volonté (!) qui guide la balle !

Ajoutez-y à cela la méthode que j’ai décrite dans la même rubrique : « Techniques de tir » : Visez et désignez d’abord la cible avec le bout du canon, la cible entrera automatiquement au centre de la lunette quand vous regarderez dans cette dernière.

Je me suis efforcé de faire la photo en tenant compte de cette position que j’ai définitivement adoptée.

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Notez que le pouce sur la hausse ou devant la hausse me sert de repère sensitif de façon à toujours avoir les doigts au même endroit. J’appelle cela : « un repère neuro-musculaire ». Je n’ai aucune hésitation, aucun questionnement, mes doigts sont toujours correctement placés.

Pour résumé les 3 techniques développées sur ce blog :

1.      Placement des doigts, index gauche le long du fût, semblant désigné la cible, le pouce calé derrière ou devant la hausse. Le coude gauche à l’horizontale assure une meilleure tenue de l’ensemble.

2.      Pointez le bout du canon sur la cible, une fois celle-ci dûment identifiée. Ce qui ne vous empêche pas de pré-épauler l’arme avant (c’est même recommandé pour accélérer le temps d’exécution), canon à 45° vers le sol.

3.      Utilisez un grossissement important 2 ou 2.5 surtout pour les tirs de zéro à trente mètres car ce faisant votre animal va largement dépasser la taille de l’oculaire.

a. Votre avez le temps de recentrer le tir vers la ZI²HL, feu !

b. Pas le temps de recentrer le tir ? Vous tirez un peu au milieu de la masse. Dans les deux cas si votre poids de balle est de 13 grammes au minimum, l’animal s’écroule sur place. J’ai dit « s’écroule » je ne dis pas « mort sur place » ça n’arrive que rarement. Mort sur place ne signifie pas non plus laisser l’animal agoniser un quart d’heure pour « ne pas gaspiller une balle » ça c’est un scandale !

c. Une fois écroulé, vous abrégez ses souffrances en tirant à nouveau dans la ZI²HL. C’est la seule façon de ne plus entendre cette stupide phrase : « Je suis revenu un quart d’heure après il avait disparu ! ». Non ! Il ne s’est pas envolé, il n’a pas  été volé non plus par les voisins, il est simplement en train de crever dans la forêt et c’est ce genre de conséquence qu’il faut combattre.

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4 thoughts on “Tenir correctement sa carabine. Pourquoi faut-il privilégier les crosses à forte pente !”

  1. Bonjour monsieur, je viens de lire votre article et j’aurais voulu savoir si le fait de tenir le devant et le canon à pleine main (un peu de la même façon que votre doigt devant la hausse) ne modifie pas trop la précision. Je m’explique, j’ai tiré avec d’autres armes de cette façon (dans un autre contexte) et cette façon de tenir l’arme me convient mieux. Mais, à la différence de ces dernières, sur ma carabine de chasse il n’y a pas de garde main. Ce qui fait que la main faible tient le canon. Le canon est flottant, le tenir fermement (en battue) peut-il changer la trajectoire des projectiles ?
    Merci,

    1. Aux distances de battue, je ne pense pas. Par contre sur un tir en appui au stand et la main sur le canon, là oui les résultats sont faussés.

      Si vous êtes satisfait de la qualité de mes conseils, vous pouvez faire un don PAYPAL pour les frais de fonctionnement du site : paypal.me/reglementolivier

  2. Bonsoir Cher Monsieur,
    Je lis avec énormément d’intérêt, mon fils aussi, votre site, dans toutes ses rubriques.
    Tireurs en club, nous avons passé le permis de chasse (qui vaut ce qu’il vaut, mais c’est un passage obligatoire… je vous approuve 100 % pour la position du doigt, réflexe travaillé depuis 25 ans en service, mais pour éviter les pb, j’ai fait semblant le jour J…).
    Bref, munis du précieux sésame, nous envisageons la chasse au gros gibier en montagne (chamois, mouflons).
    Nous voici au stade de la détermination de la carabine. Nous avions fait notre choix (Rugger American Rifle Predator en 308), mais voici qu’après vous avoir lu et relus, nous ne sommes plus sûrs de nous, notamment relativement au rapport sommet de la crosse / axe du canon. A y regarder de près, les modèles proposés sur la marché n’offrent pas un bon rapport 🙁 pour y fixer la lunette indispensable et appliquer la technique « crosse menton » qui en effet est logique…
    Pourriez-vous nous aider ?
    Avec nos remerciements.
    Père et fils MM des Alpes Maritimes.

    1. Bonjour,
      Merci pour votre confiance.
      Les fonctionnaires qui gèrent la chasse ont comme tout bon fonctionnaire Français qui se respecte ont voulus inventer une norme Franco-Française qui se différencie des militaires et autres utilisateurs d’armes dans le monde. Comme s’il y avait plusieurs façons de tenir une arme en sécurité pour soi même et vis à vis des autres. Donc ils vont vous expliquer « qu’on est pas à la guerre » ! Sauf que « la guerre » n’a rien à voir là dedans. mais bon pour exister, croitre et et se multiplier le fonctionnaire Français doit inventer sans arrêt de nouvelles normes. Là aussi il faudra bien mettre tout ça au propre et arrêtez les fantasmes et autres frustrations issues du de cette maladie : Le …..ISME

      Pour en revenir à nos moutons : Vous chassez le grand gibier, mais vous semblez au vu de ce que vous me dites et du calibre utilisè, le tirer à l’approche.
      La forte pente que je préconise, l’est surtout pour le tir rapide en battue pas à l’approche où l’on est censé avoir tout son temps pour épauler tranquillement.
      La forte pente de la crosse permet un tir rapide après un épaulement tout aussi rapide quand le gibier apparait brutalement. Il permet d’épauler tout en gardant la tête haute et droite dans l’axe de l’arme, c’est plus naturel.
      Le problème ne se pose pas à l’approche.

      Pour l’approche, le temps de visée peut être long, très long, je prendrai le problème à l’envers.
      Je commencerai à chercher des armes à crosse à trou de pouce. Pourquoi ? Parce que souvent ces armes qui sont faites pour le tir de précision ont une plaque de couche décentrée :

      http://www.chasseurdesanglier.com/wp-content/uploads/2013/08/crosse-a-trou-sabot-decentre-Copie.jpg

      Regardez les 2 flèches rouge à l’extrémité gauche de la photo : La flèche par rapport à l’axe du canon et la flèche indiquant la position décentrée de la plaque de couche.
      C’est ce type de crosse ou d’armes qu’il faudrait trouver.
      Pour trouver ce genre d’armes, il faut s’adresser à un spécialiste du tir longue distance comme : ESP.
      Vous leur expliquer que vous cherchez une arme qui possède les mêmes caractéristiques que sur la photo ou bien adapter une arme existante avec une crosse comme celle de la photo.
      A mon avis pas par téléphone mais par mail en expliquant bien ce que vous voulez et en ajoutant la photo et s’il le faut mon commentaire.

      Merci de me confirmer que vous avez bien lu mon mail, n’hésitez pas à revenir vers moi via l’adresse mail directe qui figure sur la partie gauche du blog.

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