Les bonnes techniques pour tirer avec une lunette

« Comment pratiquer un tir efficace avec une lunette ? ». Je vous rappelle un principe fondamental pour ne jamais vous tromper : identifier avant de prendre la visée et non pas en même temps que vous visez. Ce qui ne signifie pas pour autant que vous ne devez pas épauler ! Vous devez épauler mais laissé l’arme pointée à 45° vers le sol, et identifier ce qui arrive. Si c’est le bon animal vous remontez le canon, si ce n’est pas le bon, vous désépaulez. Pour désépaulez, vous inclinez brutalement le canon vers le sol et vous lui faites faire un demi-arc de cercle vers un angle mort.

Pour ceux qui instruisent le maniement d’une arme à de jeunes chasseurs, faites leur imaginez qu’ils tiennent un sabre de Samouraï à la main et que le tranchant de l’arme ne doit jamais être dirigé vers quelqu’un.

Les lunettes ont une mauvaise réputation chez les chasseurs. On peut tirer au coup de bras avec une lunette à condition de ranger tous ses préjugés au placard. Le grossissement est souvent lié à la distance de tir. Dans l’esprit des chasseurs, la lunette « c’est fait pour tirer loin et  en terrain dégagé. Plus on tire prés, plus le champ de vision dans la lunette doit être large», Ce n’est pas tout à fait vrai. Dans le cas d’un grossissement 1 quand vous allez chercher l’animal à l’intérieur de la lunette, vous vous  retrouvez confronté à deux problèmes : trouver l’animal qui de fait est extrêmement petit dans un champ de vision très vaste (grossissement 1) déplacer le réticule pour l’amener sur l’animal.

La solution d’un tir efficace, passe par l’utilisation d’un grossissement : 2 ou 2.5. Le contraire de ce que les publicités vous conseillent de faire. Cette technique je l’ai mise au point moi-même, et expérimentée depuis 10 ans. Il n’est plus question de se servir de la lunette pour chercher l’animal, celui-ci doit être positionné « automatiquement » au centre du réticule lors de la prise de visée. Votre arme est toujours légèrement inclinée vers le sol tant que l’identification formelle n’a pas eu lieu. Vous devez : identifier d’abord, viser ensuite, ajuster la visée si le temps le permet (tir sous l’oreille) lâcher la balle après. Cette technique allie rapidité et sécurité.

Quand l’animal est identifié, vous allez pointer le guidon de l’arme dans sa direction. Vos deux yeux restent ouverts, la lunette est positionné au niveau du regard comme pour tirer, sauf que la vision de l’œil gauche longe la lunette et regarde le guidon au bout du canon. Les deux yeux ouverts, vous n’avez pas encore regardé dans la lunette. Vous braquez votre regard sur l’animal, en même temps que vous pointez le bout du canon (guidon) en direction de la bête identifié. Tête légèrement incliné vers l’avant, vous allez donc effectuez un mouvement de bras qui va amener la crosse à se coller au menton, regardez à l’intérieur de la lunette, fermez l’œil gauche et… l’animal est pile au centre ! Le fait de faire coïncider  le menton avec la crosse place de facto l’axe de la lunette et donc de votre arme au centre de votre champ de vision.

Les organes de visée seront toujours centrés par rapport à l’endroit où vous regardez. Vous gagnez un temps précieux. Ce faisant vous prendrez le temps qu’il faut pour identifier, car le tir en lui-même sera beaucoup plus rapide et libéré de la crainte de l’erreur voire de l’accident. Vous pouvez répéter ce geste au poste en simulant un tir toujours dans la direction supposée de l’animal pour vous habituer à l’environnement. Je parle de direction supposée vierge de toutes habitations, collègues, public…

Mais cette technique ne serait rien sans un grossissement suffisant puisque se pose toujours le problème de la taille de l’animal dans le champ de la lunette. En utilisant un grossissement de 1, l’animal n’occupera qu’un faible espace dans le champ de votre lunette, ce qui vous oblige à recentrer votre réticule avant de tirer. Nous allons voir comment ne pas avoir à recentrer le réticule sur l’animal dans la lunette.

Vous allez utiliser un grossissement de 2 voire 2.5 de 0 à 30 mètres. Au-delà passez à 3 voire 4, après il est très difficile de garder une visée stable. Visez l’animal avec le guidon au bout du canon, (technique précédente), l’animal déborde  largement  de la lentille, vous n’avez pas à  recentrer le réticule, vous ne voyez  que l’animal, vous lâchez la balle. Quand  on maitrise suffisamment cette technique on la perfectionne en s’habituant à donner un petit coup de bras pour  recentrer le tir à la tête, sous l’oreille. Ayez toujours à l’esprit qu’un animal touché n’est quasiment jamais un animal « mort sur place ». Mettre à profit le temps mis par l’animal à s’écrouler pour placer une balle sous l’oreille pour éviter des souffrances inutiles. Doublez systématiquement !

Nous perdons trop d’animaux, persuadés que nous sommes de « tué sur place ». Piqure de rappel : identification animale et environnementale  avant la prise de visée sinon on laisse passer. Autre technique : le grossissement de 2.5 en sous-bois, avec beaucoup de branches entre vous et l’animal, va vous permettre de faire passer la balle au milieu des branches  jusqu’à une vingtaine de mètres, dans ce que j’appelle un « tunnel de tir ». Exemple : L’animal progresse dans un sous-bois. Donnez un coup de bras dans sa direction, (après l’avoir identifié !) ne le suivez pas, devancez le avec le réticule. Le fait de le précéder légèrement va vous permettre de choisir un endroit que je nomme « tunnel de tir » c’est à dire un endroit qui peut être aussi large qu’une main au milieu des branches. Vous l’avez toujours dans la lunette, mais calé à droite, alors que le « tunnel de tir » que vous recherchez lui est à gauche. Au moment où vous identifiez une trouée suffisante, vous stoppez le bras et vous attendez qu’il passe à l’endroit choisi, vous lâchez la balle. Seul le grossissement de 2.5 voire 3, vous permet de trouver ce passage. Cela m’arrive souvent avec des chevreuils.

Comment utiliser un point rouge ?  J’utilise un point rouge AIMPOINT pour le tir à courte et moyenne distance en forêt. Ce n’est pas une question de distance de tir. Un AIMPOINT est très précis à plus de 100 mètres. J’ai été amené à tuer un sanglier à plus de 80 mètres dans un pré, après l’avoir raté à 40 mètres à l’arrêt ( !) blessé à une patte en pleine course. L’AIMPOINT se justifie  en début de saison en sous-bois, les arbres sont couverts de feuilles.  Les tirs se font entre 0 et 30 mètres. Un réticule noir sur fond noir, ne sert à rien. Le point rouge dans un sous-bois obscur est irremplaçable. Si vous hésitez entre une lunette et un AIMPOINT, prenez plutôt ce dernier, il est plus facile à gérer qu’une lunette. Les lunettes point-rouges sont idéales mais chères. Pour beaucoup moins cher, optez pour une MEOPTA et un AIMPOINT comme moi. Pour l’achat de votre future lunette avec ou sans point rouge, optez pour une lunette 2-8x… Quand les feuilles seront tombés le grossissement de 8 voire 10 vous permettra de tirer à une centaine de mètres. J’ai été amené à tirer un cerf dont le cou mesurait moins de 4mm à 100 mètres avec mon grossissement maximum de 6. J’ai regretté de ne pas avoir une lunette de 2.5-8x.., il m’a fallut un bon blocage du coude sur la hanche (souvenir de l’école de tir à 10 mètres) pour le tirer correctement.

Pour tous ceux qui n’utilisent pas de lunette : “j’ai fais bas” ou “j’ai tiré dans les pattes” voici ce que l’on attend souvent dire. C’est très simple c’est parce vous regardez l’animal et non pas les organes de visée. Quand vous visez l’animal, il faut pratiquement le recouvrir du guidon et de la hausse. Dans les faits on regarde intensément l’animal, on ne voit plus que lui et forcément comme le canon cache l’animal on abaisse inconsciemment le canon et “on fais bas”. Entraînez-vous en tir à sec à recouvrir de vos organes de visée la cible.

On m’a rétorqué que dans le cas d’un grossissement on ne voit que la masse et pas l’environnement, en l’occurrence un cycliste qui passerait entre l’animal et le tireur. C’est du grand n’importe quoi ! Inconsciemment les gens qui ne pratiquent pas le tir, mélangent dans leur inconscient, les images des sniper militaires, l’oeil rivé à la lunette, avec les conditions de tir à la chasse. On rencontre beaucoup ce genre de réflexions de la part de gens qui chassent mais qui paradoxalement ne connaissent rien au tir.

Je signale à ces gens, que les snipers de l’armée qu’ils voient l’œil collé à la lunette, ne sont même pas eux mêmes, concernés par ce genre de procès d’intention ! Car messieurs vous devriez savoir que le sniping se fait à deux : un tireur et un observateur qui lui est chargé à la jumelle de surveiller l’environnement. Là aussi arrêtons les fantasmes !

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6 thoughts on “Les bonnes techniques pour tirer avec une lunette”

  1. Bonjour, je lis toujours avec beaucoup de plaisir vos articles. Dans ces derniers-là, j’ai trouvé cependant quelque chose que je ne pratique pas: fermer l’oeil gauche pour tirer à la lunette de battue. Je garde les deux yeux ouverts et c’est bien mieux. Et j’essaie aussi de garder les yeux ouverts au moment précis du tir, avec beaucoup de réussite.
    Au plaisir.

    1. Oui c’est tout à fait possible, c’est ce que j’ai pratiqué instinctivement dés le début de ma pratique. On ne peut le faire qu’avec quasiment pas de grossissement.

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  2. oui tout à fait il faut « tirer le bras » en suivant la cible et tirer tout en continuant à suivre l’animal, sans prendre d’avance et en conservant exagérément la visée à l’entarinnement, ça aussi
    c’est trés important.

    Il ne faut pas désépauler aussitôt il faut compter deux secondes mini de plus à l’entrainement ou en tir simulé au poste.

  3. Merci pour l’article. J’imagine que pour les tirs en mouvement, il faut utiliser la même technique explicitée dans l’article de base, soit: Tirer en mouvement sans stoper le geste au moment du tir
    et sans prendre d’avance sur l’animal.
    Cordialement. Stephan

  4. oui vous avez raison il y a un probléme !

    je cherche l’article QUI TRAITE DU POINT ROUGE et je crée un nouvel article : la bonne technique pour tirer avec un point rouge

    merci

    C’est fait : La bonne technique pour tirer avec un point rouge.

  5. Bonjour,
    J’ai lu très attentivement vos articles concernant les techniques de tir et suis resté sur ma faim concernant l’utilisation du point rouge, AIMPOINT. Il n’y a pas véritablement d’explication
    d’utilisation. Pourriez-vous la préciser?
    Merci!
    Stephan

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