Leçons d’accidents de chasse

Lors de l’examen du permis de chasser, on vous enlève des points si vous ne tenez pas votre arme tous les doigts de la main forte refermés sur la crosse. J’ai vu un militaire se faire sanctionner de 2 points par ce qu’il avait son doigt sur le pontet et ce, comme tout tireur digne de ce nom. Au lieu d’apprendre à un jeune chasseur le bon geste : poser son index sur le pontet, on lui impose un geste qui n’est pas naturel : main fermée sur la crosse. Pour que le bon geste devienne réflexe, il faut prendre l’habitude de toujours tenir son arme par la main forte, s’habituer au contact de l’arme. A QUANTICO, l’école de tir du FBI, on scotche l’arme à la main des élèves plusieurs heures par jour, durant le stage. En créant un réflexe neuromusculaire de prise en main correcte, jamais vous ne ferez le geste d’attraper votre arme par les détentes. Cette absence d’érudition se répercute tout au long de la chaine cynégétique. Parce que le programme de formation a été établi par des chasseurs, voire des fonctionnaires de la chasse, mais -surtout- pas (!) par des tireurs-chasseurs. Voici une série d’exemples récemment rapportés par la presse qui illustre parfaitement l’absence de culture des armes en France. Les modes de  chasse, les habitudes du gibier se transmettent de père en fils, mais pas l’éducation  des armes.

« ……..Il a rattrapé l’arme par les détentes »

« Il se rendait à sa voiture avec une autre personne quand l’arme de son ami bascule par accident, voulant récupérer son arme, il  la rattrape en appuyant sur les détentes et tue son ami d’une balle dans la tête ». Commentaire : Article intelligent et objectif.

« Il avait déposé son fusil contre un arbre. Lorsqu’il l’a repris, le coup est parti. Le chasseur est mort. » Commentaire : La faute au fusil certainement…!

« Un chasseur qui marchait lâche son fusil, le récupère, le coup part… dans le visage d’un autre chasseur. » Commentaire : « le récupère » par les détentes faudrait préciser !

« Le septuagénaire, qui s’abritait des fortes précipitations avec son parapluie, a soudain subi une rafale de vent qui l’a déséquilibré. En voulant rattraper son pépin, le fusil a glissé et deux coups sont partis. Le malheureux a reçu deux balles de calibre 12 Brenneke dans la jambe, à hauteur du tibia et de la cheville ». Commentaire : « le récupère » par les détentes faudrait préciser !

« L’homme a voulu sauver son chien tombé dans un lac plein de glace en donnant des coups sur la glace avec la crosse de son fusil, un coup de feu l’a alors atteint en pleine poitrine« .

 «  Un chasseur se tire dans le pied en fermant son fusil ». Commentaire : « …..et en laissant son doigt sur la détente ».

« Un chasseur se tire dans la jambe, grièvement blessé au mollet. »

 « Lors d’une chasse au chevreuil, un chasseur se tire dans le mollet ». 

Une autre catégorie d’accidents de chasse : l’identification par élimination, par défaut.

Dans ce genre de cas, Il n’y a pas un vrai processus d’identification mais un processus d’identification par… élimination, par défaut. Rien à voir avec un tir réflexe ou instinctif. Puisque ce n’est ni ceci, ni cela, c’est donc un sanglier, une bécasse, etc… On est certain d’entendre… ! Certain de…voir ! Un accident commence toujours par une certitude.

« Identifier avant de prendre la visée » comme je le préconise, et non pas « identifier avant de tirer », permettrait de pallier à cette mauvaise habitude qui consiste à viser et à identifier simultanément, en habituant le chasseur à identifier d’abord tout en laissant le canon à 45° vers le sol, puis en le remontant (arme pré-épaulé) une fois la certitude acquise.

 « Il croit voir un rat au sommet d’un hutteau proche de la hutte de chasse où il guette le gibier. « J’ai vu quelque chose bouger, j’ai mis en joue et j’ai tiré. J’ai pas pensé. » Ce n’était pas un rat mais le sommet du crâne de l’un des deux enfants qui l’accompagnaient ».

 « Un chasseur avait « entendu un bruit » et a prétendu avoir visé un perdreau. Les deux femmes ont été atteintes par des plombs ».

« Un chasseur tué d’un coup de fusil. L’auteur du coup de feu a vu « une masse sombre dans un champ » et tiré aussitôt ».

 « Durant une battue au sanglier, un chasseur observe un buisson qui bouge, La balle qu’il a tirée entre dans la fesse de son ami (qui faisait ses besoins) et est ressortie au dessus du genou en évitant l’artère fémorale ».

 « Un chasseur, chassait avec sa chienne teckel et 2 amis. Il sortait d’un fourré, tenant sa chienne dans ses bras parce qu’elle avait des difficultés à se déplacer dans ce secteur plein de ronces. « Le pelage à travers les buissons a trompé un chasseur qui a fait feu. » Le chien et le maitre sont morts  sur le coup ».

Là encore, la formation au permis de chasse ne prend pas en compte la réalité du terrain. Quand on acquiert son permis de conduire à 18 ans, on a paradoxalement, un passé de… « passager » qui lui aussi a pour ainsi dire 18 ans « de conduite ».

Cela ne fait pas partie de la formation mais nous savons depuis plusieurs années en tant que passager, que le feu rouge n’est pas toujours respecté, le STOP non plus et il y en a même qui doublent en haut des côtes et qui roulent à gauche. Ce faisant, quand nous avons en main notre permis de conduire, nous savons déjà qu’avant de passer au vert il vaut mieux regarder que le voisin a bien respecté le rouge.

Pourtant il existe un code de la route comme il existe un code de la chasse. Qu’en est-il réellement à la chasse ? Une fois le permis en poche qu’avons-nous comme antécédent de chasse ? Aucun ! Sauf peut-être pour le permis de chasse accompagné. Prenez conscience qu’à la chasse il existe aussi des chauffards, des gens qui se dépostent en courant vers vous sans prévenir, sans tenue orange. C’est cette absence de « passé » d’un coté, ajouté à la croyance que tout le monde respecte le dit code, qui conduit aux accidents les plus graves, notamment les tirs directs à travers les taillis.

Le tireur devenu chasseur que je suis, est parti, son permis en poche en s’imaginant que tout le monde tenait son arme comme au stand de tir et, « un peu » au fait de la dangerosité des armes, s’attendait à une plus stricte observance des règles de sécurité. Personne ne m’avait prévenu que l’on manipule son arme en promenant le canon sous le nez de ses voisins, « Il est vide tu ne risques rien » entend-on. Combien de fois ai-je entendu : « de ce côté-là tu peux tirer il n’y a personne ». Par « personne » on entend « chasseurs » ! Quid des autres personnes ?

Sitôt les résultats du permis connus, il faut garder les candidats reçus et prendre une heure pour expliquer à quelles situations ils vont être maintenant confrontés, en s’appuyant sur des exemples concrets : le jogger qui dévale une pente caillouteuse, le piqueur qui se glisse sous les ronces, tel un sanglier et qui finis par prendre une 9.3×62 dans l’épaule à bout portant. Faut-il préciser que tout cela est authentique.

Rien de tel qu’un film de 30 minutes retraçant plusieurs accidents de chasse pour prendre conscience que ça n’arrive pas qu’aux autres.

Depuis le port des tenues fluo il y a eu une nette amélioration en ce qui concerne l’identification des autres chasseurs. Une bonne fois pour toute il faut savoir que l’orange fluo est la couleur officielle de « la survie ». C’est la couleur la mieux perçue par l’œil humain et sous toutes les latitudes y compris au Pole Nord, où des tests comparatifs ont été réalisés, qui ont prouvé que le jaune était très mal perçu, alors que l’orange permettait de repérer un individu à plusieurs kilomètres.

Je connais le Président d’une AICCA dans l’Aude qui s’est fendu d’une « lettre de félicitations » à sa fédération pour avoir eu l’idée absurde d’envoyer des gilets fluo jaune plutôt qu’orange à ses adhérents.

Le seul port de la casquette orange n’est pas suffisant, il faut imposer à tout le monde le port du gilet orange. La présentation d’un gilet orange aux gardes doit être obligatoire, au même titre que l’assurance. A l’énoncé de son nom lors des consignes de battue, le chasseur doit pouvoir présenter un gilet orange.

Accident à la chasse : Le chien fait un câlin à son maitre, ce dernier amputé d’une main !

Premier récit : « Il s’est jeté sur moi, pour me faire un câlin, a raconté le chasseur. « En se jetant, il a posé la patte sur le fusil » et le coup est parti. Grièvement blessé à la main droite, l’homme a été transporté en hélicoptère au Centre hospitalier régional de Bordeaux, où l’amputation n’a pu être évitée ».

Deuxième  récit : « L’accident aurait eu lieu lorsqu’il « s’est jeté sur moi pour me faire un câlin » raconte le chasseur. Le chien aurait posé la patte sur la gâchette et déclenché le coup. Grièvement blessé à la main droite, le chasseur a dû être amputé au centre hospitalier régional de Bordeaux. Blessé mais pas rancunier, l’homme a déclaré : «Ce n’est pas la faute du chien. Et il est adorable ! Je n’avais qu’à laisser la sécurité (sur le fusil), c’est tout ».

Troisième récit : « D’après la victime, son jeune chien voulait « faire un câlin », s’est jeté sur lui et a posé la patte sur la gâchette du fusil. Le coup est parti et l’a grièvement blessé à la main droite. Il a été héliporté au CHR de Bordeaux pour être amputé.
Encore un accident qui aurait pu être évité s’il avait laissé la sécurité sur le fusil et suivit les consignes de sécurités habituelles ».

Quatrième récit : « Grièvement blessé à la main, le chasseur a été héliporté au CHU Pellegrin à Bordeaux, où il a été amputé de la main droite. Le chasseur regrette, mais un peu tard, de ne pas avoir laissé la sécurité sur son fusil ».

 Résumons-nous :

  1. Un jeune chien qui se jette sur son maitre pour faire un câlin ou peut être a-t-il eu peur de quelque chose… !!
  2. Le chien appuie sur la queue de détente et non pas « la gâchette».
  3. Le coup part et lui arrache la………. main !!!! Cherchez l’erreur !!
  4. Il est amputé de la main !
  5. Il aurait dû laisser la sécurité sur son fusil. Cherchez le rapport !

Commentaires :

  1. Vu la sous-culture générale en matière d’armes à feu, impossible de dire s’il s’agit d’un fusil ou d’une carabine, la plupart des journalistes ne connaissant même pas la différence ! Ils mélangent allégrement les deux !
  2. Vu la sous-culture générale en matière de… « culture des armes», perdue, je me répète après la guerre de 14-18 et alors que nous étions une nation-phare en matière de tir, le tout soigneusement entretenu par les pacifistes de l’entre deux-guerres, fusil ou carabine rien n’est clair dans cette affaire !
  3. Parmi mes 20.000 lecteurs chaque mois, pour la plupart, chasseurs, la première chose qui nous vient à l’esprit c’est comment le chasseur a-t-il pu avoir la main arrachée par une balle ou une gerbe de plomb alors même qu’il est censé tenir l’arme par la crosse !!! J’ai lu à peu prés toutes les dépêches de journaux concernant cet accident, personne ne se pose la question !!!!!!

Le chien se jette sur le chasseur, peut-être par peur s’agissant d’un « jeune chien », si l’arme est normalement maintenue par la crosse, au pire, le coup part devant le chasseur, c’est-à-dire à au moins 1 mètre de sa main ! Pour que la main soit arrachée par la décharge de plomb ou la balle il faut (c’est idiot à dire mais il faut bien le dire !) que la main obstrue la bouche du canon !!! C’est logique non ??!! Déjà, qu’est ce que la main du gars foutait sur la bouche du canon ????? A plus d’un mètre de la crosse !!!

Soit le gars tenait son arme à l’envers !!! Soit et c’est plutôt mon hypothèse : Il a mis un genou à terre pour s’occuper du chien et a posé la main sur la bouche du canon, c’est alors que la queue de détente s’est retrouvée en position verticale et une simple pression toujours verticale de la patte du chien suffit à déclencher le tir.

Il y a une variante qu’il faudrait faire vérifier par des experts en balistique, mais je pense que s’il avait juste mis la main par inadvertance (!!!) à plus d’un mètre de la crosse (!!!) , sur la bouche du canon, je pense mais je ne peux pas le prouver que la main aurait été d’abord « soufflée », puis écartée violemment par les gaz de combustion.

Dans le cas qui nous occupe pour que la main soit arrachée il faut que la pression sur la bouche du canon ait été suffisamment puissante pour empêcher son dégagement par les gaz de combustion. Cette pression « suffisamment puissante» ne peut résulter selon moi que par la prise d’un appui comme celui d’une canne.

Comme l’a très bien dit un responsable de Fédération : « Ce n’est pas un accident de chasse mais un accident à la chasse ! » J’ajouterai qu’il démontre encore une fois qu’il y a encore et toujours comme je le dis depuis 2008 sur ce blog, un gros travail de culture des armes reste à faire et ce dès le plus jeune âge !! Oui je dis bien dès le plus jeune âge, c’est comme ça que l’on évitera ici ou là nombre d’accidents par armes, classés « accidents domestiques ».

Vous êtes choqués ?! Dites vous bien que vos enfants, ils vont grandir, c’est même écrit dans le mode d’emploi, et qu’un jour il va falloir leur « lâcher la grappe » comme on dit dans le Sud-ouest, vous ne serez pas toujours derrière quand ils seront chez des copains ou ailleurs dans la nature. Mon fils savait dès l’âge de 5 ans et je le lui faisais répéter régulièrement comment neutraliser une arme, notamment une carabine en ôtant la culasse. Il en a 26 aujourd’hui et je m’assure encore qu’il sache le faire ! Imaginez que votre gosse de 16 ans aille dans une soirée chez des copains dont le père est chasseur ou détient une arme, un jeune plutôt alcoolisé sort une arme pour faire le malin, combien dans l’assistance seront capables de la neutraliser ???

Voici un poster validé par l’ONCFS et qui me pose quelques « soucis« . Certains commentaires dans le poster me déplaise fortement.

Image 1 du poster : commentaire de l’image : « Avant l’action de chasse ou au moment du départ pour la chasse, j’enlève la bretelle de mon arme….. » Décidément cette bretelle relève d’un syndrome compulsif ! Beaucoup moins que le gilet orange pour les chasseurs à plumes…! Mais par quel raisonnement sorti d’on ne sait où faudrait-il enlever la bretelle ? Connaissez-vous un seul pays au monde où ce genre de CONNERIES-ADMINISTRATIVES est prescrit ?

Voici ce que j’ai déjà écrit sur la bretelle dans cet article : Vers une interdiction de la bretelle ?  mais aussi dans l’analyse du DVD ONCFS : « La chasse aux accidents ».

Image 7 du poster : commentaire de l’image : « Je n’hésite pas à porter des effets fluorescents rouges, même si ceux-ci ne sont pas obligatoires, et particulièrement pour la chasse au bois (casquette, gilet…) ».  Celle-là je l’adore !

  • Pourquoi vous n’obligez pas les chasseurs à plumes à porter un gilet orange ?
  • Que se passerait-il si vous obligiez les chasseurs à plume à en porter un ?
  • Par quel montage psychologique peut-on obliger un chasseur de grand gibier à porter un gilet orange et pas un chasseur à plumes ?

Sachant que selon l’ONCFS : La chasse du petit gibier est à l’origine de 47 % des accidents ! ET : « Lorsqu’il s’agit de petit gibier, la chasse du gibier à plume demeure plus accidentogène que celle du gibier à poil (62 % contre 38%).

Je pose la question : Où est la prévention dans tout ça ????? !!!!!

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