Devancer le tir ou “tirer le bras” ? Stand de tir : « Tirer le bras » et « Annoncer la balle ».

1. Devancer le tir ou “tirer le bras” ?

De combien faut-il devancer le tir ? Voilà une question qui revient souvent à la chasse, qui fait l’objet de calcul très savant pour déterminer qu’à une distance « X » et compte tenu d’une vitesse de déplacement « Y », on obtient un nombre à 2 chiffres, exprimé en cm et qui doit nous permettre de toucher l’endroit visé. Au final le plus amusant, c’est quand la démonstration conclut qu’à 50 mètres il faut corriger son tir de 50 centimètres en avant du sanglier. Il m’est arrivé de tuer un sanglier à la course à une centaine de mètres (à 10 mètres prés) d’une balle sous l’oreille. A aucun moment je n’ai devancé le tir. Coup de chance sûrement pour ce qui est de la zone touchée, mais simple technique de translation du bras tout en pressant la détente pour ce qui est du résultat. Autant au tir à plomb il faut devancer le tir compte tenu de la faible vitesse des plombs, autant à la chasse en battue et même à des distances supérieures à 60 mètres, il faut comme nous allons le voir « tirer le bras ». Si la vitesse d’une gerbe de plomb fait en moyenne 300m/s, une balle de carabine vole de 800 m/s à 1000 m/s.

Les techniques de tir à la  chasse ont ceci de particulier, c’est qu’elles ont  toujours été et de tout temps liées au tir de pigeon d’argile dit aussi « Ball-trap ». Si le tir de chasse a encore un rapport avec le  ball-trap c’est uniquement pour le tir à plomb. Le problème c’est que nous sommes passés du tir à plomb au tir à balle sans remettre en question des techniques qui étaient et demeures restreintes au tir à plomb et même exclusive au ball-trap puisqu’il n’y est pas possible de monter une optique. Le tir de chasse, la façon d’épauler son arme, tout a été -malencontreusement- codifié par le ball-trap.

Que signifie « tirer le bras » ? Lors d’un tir sur une cible ou un animal qui se déplace de façon perpendiculaire à vous, lorsque vous décidez de lâcher la balle, le plus souvent, vous stoppez le mouvement latéral de votre bras. Pratiquant le tir depuis 3o ans, notez que je parle de « lâcher la balle » et non pas de « tirer ». La nuance est importante et conditionne aussi la façon dont on… tire. Entre le moment où vous stoppez le mouvement de votre bras, que l’ordre de presser la détente arrive au doigt, que la balle parte et atteigne l’animal, il se passe… « un temps certain » pendant lequel l’animal lui, continue de se déplacer. Le point d’impact se situe donc très en arrière de ce que l’on avait visé. Apprendre à « tirer le bras » consiste au stand et surtout en action de chasse, à lâcher la balle en continuant de suivre la bête et ce, sans s’arrêter. Il faut continuer de suivre l’animal tout en pressant la détente et après l’avoir pressé. Ce faisant il n’y aura pas ou très peu de décalage entre l’endroit visé et le point d’impact. On m’a répondu : « mais c’est le swing ! » Non à rien à voir ! Le swing c’est le mouvement brusque du bras qui cherche à précéder la cible et qui s’interrompt.  Ou alors votre « swing » continue pendant et après le tir. En tout cas vous ne devez pas interrompre le mouvement de votre bras.

C’est le tronc qui bouge, pas les bras ! Les bras restent face au tronc, ils suivent le mouvement de ce dernier.

Une autre erreur que l’on travaille dans les écoles de tir (on ne parlera jamais assez de l’importance de l’école de tir à 10 mètres) : désépaulez trop vite. Quand vous tirez au stand, continuez à viser une ou deux secondes, ne vous pressez pas de désépauler. Parce qu’à force, vous désépaulerez avant d’avoir tiré ! Il faut « maintenir la visée après le tir ». Vous devez vous entraîner au stand puis en action de chasse à « annoncer la balle ». C’est fondamental ! On ne peut pas prétendre tirer correctement et ne pas pouvoir annoncer une balle. Peu importe que vous l’ayez mise dans le 10 ou dans le 1, l’essentiel c’est que vous puissiez dire : « elle est à tel endroit ». Cela signifie que vous conservez la maîtrise de votre visée, pendant et après le tir. Donc forcément vous tirez correctement. Par la suite vous saurez au moment même ou le coup part, où est la balle. Vous verrez littéralement voler la balle.

Les théories qui préconisent de devancer le tir se basent sur le fait qu’il faut stopper le mouvement latéral du bras avant de lâcher la balle. Plus la peine de s’étonner qu’il y est des balles de mâchoires quand on lit les calculs suivants :

Vous vous voyez en train de calculer 35 cm d’avance à 25 mètres sur un chevreuil lancé…. !!! ??

Ces citations sont extraites d’un forum de chasse très connu, sujet : “Quelle avance donner ?”

« Chevreuil à 25 mètres donner 35 cm d’avance. Le double pour un fusil.
Chevreuil : à 50 mètres donner 70 cm d’avance. Le double pour un fusil.
Cerf à 25 mètres donner 50 cm d’avance.
Cerf à 50 mètres donner 1 mètre d’avance.
Un sanglier lancé a 30 km /h parcourt 8.33 m / s
une balle a 957m/s va parcourir les 50 m en 0.052 s 8.33 x 0.052 = 0.43 m. Le temps que la balle parcourt les 50 m le sanglier aura avancé de 43 cm ».

2. Stand de tir : « Tirer le bras » et « Annoncer la balle ».

Au stand de tir ce n’est pas la quantité de balles tirées qui compte, mais la régularité de votre présence. Tirer cinq balles par séance mensuelle c’est suffisant, mais cinq balles « annoncées » ! Je vais vous expliquer comment « tirer le bras » et  « annoncer la balle ». Mais avant cela vous devez apprendre à « élaborer un rite » : Assimiler par cœur une série de gestes à faire avant, pendant et après le tir, leurs conséquences sur le plan visuel, auditif, sensitif. De profil jambes légèrement écartées, vous recherchez toujours la même position. Vous saisissez votre arme toujours de la même façon. Pour retrouver la position du pouce ou de l’index au même endroit sur le fut de l’arme, utilisez un « marqueur tactile », un Scotch pourvu d’aspérités. Vous serez rassuré mentalement de sentir que votre main est correctement positionnée. Restez très concentré sur vos gestes, ouvrez la culasse en ressentant le geste, vos gestes doivent être fluides, respectueux. Placez la crosse contre votre épaule, toujours au même endroit. A ce sujet, les crosses sont beaucoup trop rectilignes, elles manquent de courbure. Sur ma CZ 550 (7×64) pourvue d’une lunette, je place le bec inférieur de ma crosse au sommet de l’épaule. Ce n’est pas très académique, mais ça marche.

Tir avec lunette : gardez la tête le plus droite possible, ne vous couchez pas sur l’arme. Cherchez la position qui vous convient ! Avant de faire démarrer la cible, simulez plusieurs fois le geste de monter la carabine et de prendre la visée, mais en gardant la crosse collée à l’épaule. En action de chasse, à partir du moment où vous pensez que la bête arrive, la crosse doit être à l’épaule, fusil pointé vers le sol devant soi. Ce geste vous devez le « ritualiser » déjà au stand.

Lors d’un tir sur cible, quand vous décidez de lâcher la balle, le plus souvent, vous stoppez le mouvement latéral de votre bras. Ce qui fait qu’entre le moment où le coup part et le déplacement de la cible, il se produit un point d’impact en arrière de ce que l’on avait visé.

Apprendre à « tirer le bras » consiste à lâcher la balle en continuant de suivre la bête et ce, sans s’arrêter. Ce faisant il n’y aura pas ou très peu de décalage entre l’endroit visé et le point d’impact. Fixez intensément l’avant de l’animal, votre bras guidera le canon sans même vous en rendre compte. « C’est la volonté qui guide la balle ».

Une autre erreur, désépaulez trop vite. Quand vous lâchez la balle, continuez à viser une  seconde. Au stand, exagérez volontairement le temps, ne vous pressez pas de désépauler. Parce qu’à force, vous désépaulerez avant d’avoir tiré !! Tous vos gestes doivent être ressentis, mécaniques. Vous devez apprendre à « annoncer la balle ». C’est fondamental ! On ne peut pas prétendre tirez correctement et ne pas pouvoir « annoncer » une balle. Peu importe que vous l’ayez mise dans le 10 ou dans le 1, l’essentiel c’est que vous puissiez dire : « elle est à tel endroit ! ». Cela signifie que vous conservez la maîtrise de votre visée, pendant et après le tir. Donc forcément vous tirer correctement. Par la suite vous saurez au moment même ou le coup part, où va la balle. Vous la « verrez » littéralement voler.

Position debout, de profil, le poids du corps vers l’avant, sur les doigts de pieds, coudes prés du corps, main gauche bien en avant sur l’arme.

Épreuves consistant à grouper ces balles dans  une cible mobile, «un sanglier électrique», en vitesse lente, qui se déplace perpendiculairement au chasseur.

Généralités : Les yeux font la netteté sur les instruments de visée, la cible est légèrement floue, c’est normal ! Vous ne pouvez pas faire la mise au point sur le guidon et la cible en même temps. Vous ne pensez à rien d’autre qu’à aligner la croix ou hausse/guidon sur la cible, la carabine monte derrière l’animal, vous vous verrouillez sur celui-ci, vous suivez son évolution sur le terrain, remontez vers la tête, lâchez la balle au moment où vous arrivez au niveau de l’encolure, le coup part sans même vous en rendre compte, sans l’avoir consciemment commandé. Continuez de viser après le départ de la balle. La balle frappe l’animal AVANT que nous n’ayez pris conscience que le coup est parti. Donc vous « voyez » l’impact. Faites un avec l’arme.

L’arme  immobile  au moment du tir est une utopie, l’arme bouge, la cible bouge, mais vous, vous restez concentrez sur vos instruments de visée. Les gestes doivent être long, souples, calmes, bien appliqués. La rapidité viendra avec la répétition des gestes.

Définition de la condition verte : Le chasseur est au poste. Debout ou assis, c’est mieux, canon à 45° vers le sol, arme dans la saignée du bras, index sur le pontet. Assis, la crosse de l’arme repose sur la cuisse gauche, canon vers le sol. Il n’y a pas de signes qu’une bête approche, les chiens sont en quête ou pas. La bête peut surgir de nulle-part, sans prévenir. C’est la situation la plus difficile à gérer, celle qui demande le plus d’entrainement au tir et le plus de discernement dans l’identification de ce qui arrive !

Définition de la condition rouge : Vous êtes au poste, les chiens sont sur « un debout », une bête arrive, vous vous levez lentement, crosse collée à l’épaule. Debout, de profil, le poids du corps vers l’avant, sur les doigts de pieds, coudes prés du corps, main gauche bien en avant sur l’arme, canon à 45° vers le sol, plus le bruit se rapproche, plus la certitude que c’est bien une bête s’accroît, plus votre canon monte en direction du bruit. L’index collé au pontet, vous ne toucherez légèrement la détente que lorsque vous aurez l’animal en visuel. C’est là qu’une fois sur cent, vous me remercierez de monter graduellement le canon en fonction de la certitude que c’est bien une bête, parce qu’un jour, vous verrez surgir des ronces… un piqueur tout de vert vêtu (c’était il y a 10 ans, depuis ça c’est amélioré), qui souffle non pas comme un bœuf mais comme un sanglier ! Je le sais ! Ça m’est arrivé plusieurs fois. L’animal est là !

Vous calez la visée, vous pressez la détente sans y penser, en restant concentré sur votre visée. En condition rouge, il faut maitriser ces émotions. C’est l’émotion qui est source de raté et cause d’accident de chasse. On maitrise ses émotions en sachant que l’on est un bon tireur et que l’on aura toujours le temps de lâcher la balle au dernier moment. Un bon tireur s’entraine régulièrement. Mais régulièrement cela peut être 5 balles par mois !

1° Exercice : L’arme tenue à deux mains, canon à 45° vers le sol. Le chasseur donne lui même le top départ.

2° Exercice : Canon à 45° vers le sol, doigt sur le pontet. Le chasseur ne commande pas le départ.

3° Exercice : Compliquer la situation sans savoir si la cible partira de la gauche ou de la droite, toujours l’arme tenu à deux mains, canon à 45° vers le sol.

4° Exercice : Reprendre les mêmes exercices en doublant chaque balle immédiatement.

Pour un tir « longue distance » sans pied ou appui naturel. Assoyez-vous en tailleur, perpendiculairement à la cible. Repliez votre bras gauche en le ramenant vers vous et faites reposer le fut de l’arme dans la saignée du coude gauche.

Souvenez-vous du plus important : gardez l’index collé au pontet, ne le libérez que pour presser la détente, quand visiblement, il s’agit bien d’un animal. Identifier avant de prendre la visée et non pas identifier avant de tirer. Si vous n’avez pas le temps d’identifier avant de prendre la visée, laissez passer !!!

Sanglier courant de BLAGNAC. Ball trap. Haute-Garonne. OCCITANIE.

Sanglier courant et Centre d’examen de l’épreuve pratique du permis de chasser. Blagnac.

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3 thoughts on “Devancer le tir ou “tirer le bras” ? Stand de tir : « Tirer le bras » et « Annoncer la balle ».”

  1. Bonjour. J’ai chassé le tétras-lyre et la bartavelle pendant 30 ans. Avec un 12 baby-breton, fusil extra pour ce genre de gibier, très léger au bras par excellence. J’ai eu beaucoup de réussite. Je chasse donc en battue, maintenant, avec une Browning bar acier, lourde avec sa lunette de battue et sa cartouchière de crosse garnie. Comme avec le Baby, je lance la carabine, je rattrape le sanglier, et comme l’arme est lourde, elle bouge à la vitesse de la bête. Et son inertie fait que je ne peux l’arrêter instantanément. Donc, lorsque je lâche ma balle, elle est dans le mouvement , et se place bien sur le gibier. Tout ceci pour vous dire que pour « tirer le bras », c’est aussi bien d’être assisté par une arme lourde. C’est ce que je ressens. A chaque sorte de chasse sa technique. Une arme trop pesante n’est pas un handicap en battue, car l’action ne dure que quelques secondes. Bonne chasse et au plaisir!

  2. Bonjour,
    J’apprécie vos commentaires sur l’accompagnement de la balle . Je pratique le tir à l’arc et ces notions sont imprimées très vite lors de l’apprentissage. Je ne faisais pas de lien avec le tir à la carabine lors du tir du sanglier. Vous avez raison ce n’est pas le différentiel de vitesse entre la balle et la flèche qui est fondamental mais bien l’inertie de nos gestes et de la décision du cerveau. Je recherche un stand d’entrainement prés de Toulouse ou de Narbonne. Pouvez vous m’en indiquer un?
    Cdlt

    1. Allez sur le site de la FFTIR il y a toutes les adresses.
      Beaucoup de clubs sont complets sauf dans le cas de transfert de licence.

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